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Histoire des “bains-douches” à Rochechouart




Dès la fin du 19ème siècle et à la suite des différentes épidémies qui ont ravagé la population, apparaît très vite la nécessité de création d’un service public d’hygiène, destiné notamment aux personnes non équipées de l’eau courante.
Accompagnant le mouvement “hygiéniste” et la restructuration et modernisation des services publics dans les villes, la création de “bains-douches” municipaux va se généraliser au cours des années 1920-1930, et leur modernisation va s’opérer dans les années 1950.
Ces établissements publics disparaîtront progressivement au début des années 1980, avec la généralisation et la démocratisation des salles de bains à domicile.



Initiatives privées et premières propositions


Au cours du mois de juillet 1904, le docteur Poitevin annonce la mise à la disposition du public de ses salles de bains, place Béraud.
On peut prendre chez lui tous les bains simples ou médicamenteux désirés. Les clients ont la possibilité de prendre des douches simples, froides, chaudes, écossaises etc...
Ce service est ouvert tous les jours, de 6 heures à 9 heures du matin.

Au mois de septembre 1913, le Conseil d’Arrondissement, lors de sa séance, regrette que le Conseil Général n’ait pas accepté l’établissement d’une “salle de bains” à la sous-préfecture de Rochechouart.
En effet cette assemblée constate que la ville n’offre pas encore à ses habitants la moindre baignoire publique.
Cette nécessité a été constatée par tous les hôtes successifs de l’hôtel de la sous-préfecture et par le service vicinal chargé de l’entretien.
Le Conseil d’Arrondissement émet le voeu que le Conseil Général, mieux éclairé, revienne sur sa décision lors de sa prochaine session, en adoptant la demande présentée par le sous-préfet de Rochechouart et le service vicinal.

Au mois d’avril 1914, M. Léon Gonne, ferblantier à Rochechouart, porte à la connaissance du public qu’il vient d’installer une salle de bains et douches qu’il tient à la disposition des personnes qui désirent s’en servir, tous les jours de la semaine et à toute heure.
Prix du bain : avec linge 1 franc, sans linge 0 franc 85.
Prix des douches : avec linge 0 franc 75, sans linge 0 franc 60.
Savonnette en plus : 0 franc 10.
Ce service, suspendu pendant les évènements de la Grande-Guerre de 1914-1918, sera reconduit au mois de juin 1925.
Les bains ou douches peuvent alors être pris tous les jours de la semaine, dimanches et jours de fêtes exceptés.



Réalisation du bâtiment des “bains-douches” municipaux à Rochechouart






Réunion du conseil municipal de juin 1929 et de février 1930


Au mois de juin 1929, lors de la réunion du conseil municipal présidé par M. Jean Parvy, maire de la ville, un grand projet de gestion de l’eau potable est proposé.
Parmi les réalisations annoncées, se trouve la construction d’un établissement de “bains-douches” à plusieurs compartiments, avec chaufferie et dégagement, pour assurer aux habitants l’hygiène nécessaire à la vie courante.
Les études et la direction des travaux sont confiés à M. Masse, ingénieur, chef du service des eaux de la ville de Limoges.
Au mois de février 1930, le projet de l’édifice proposé par M. Masse, comprend 4 cabines pour les hommes et 4 cabines pour les dames. Il sera situé sur le terrain de l’Hospice.
Le montant des travaux, y compris les honoraires, s’élève à la somme de 250.500 francs.
Le conseil, après délibérations, accepte le projet présenté par M. Masse et s’engage à voter les ressources nécessaires.
Le projet, après approbation des services compétents de la Préfecture, sera transmis à M. le Ministre de l’Intérieur en vue d’une subvention sur le produit des jeux.



Achat du terrain et construction du bâtiment


Pleins pouvoirs sont donnés à M. le Maire pour obtenir de la commission administrative des Hospices, la cession du terrain nécessaire à l’édification des “bains-douches”.
Le terrain concerné par la construction a une superficie d’environ 169 mètres carrés. Il est situé dans le pré de l’hospice.
Le prix est fixé à la somme de 338 francs.
De plus, la ville de Rochechouart accordera une remise de 50% sur le tarif des prestations aux hospitalisés et au personnel de l’hospice, soeurs, infirmières et domestiques qui voudront bénéficier des bains-douches, et celà, tant que fonctionnera cet établissement.
Le 2 août 1930 le projet est adopté par la commission d’hygiène. Au mois de novembre 1930, la sous-commission de répartition du produit des jeux, réunie au Ministère de l’Intérieur, attribue à la commune de Rochechouart la somme de 110.000 francs, à titre de subvention, pour le projet de construction des “bains-douches”.
Les travaux de construction du bâtiment sont confiés à la “Société des Travaux Publics du Centre” de Limoges.



Emplacement du projet de construction du bâtiment des “bains-douches” sur une photographie de l’époque.


Au début du mois de janvier 1934, le maire Gaston Delavie, qui a succédé à Jean Parvy, décédé en 1933, annonce l’ouverture des “bains-douches” au public pour le samedi 13 janvier.
Le tarif des prestations est fixé comme suit :
Bains simples : 3 francs.
Douches : 2 francs.
La location du linge est perçue aux conditions suivantes :
Serviettes : 0 franc 75.
Peignoirs : 2 francs.
Couvre-nuque : 0 franc 30.
Les élèves des écoles publiques ou privées, présentés en groupe d’au moins 8, auront droit à une réduction d’un tiers sur les tarifs.
L’établissement sera ouvert au public les samedis, jeudis et dimanches.
Les horaires sont fixés de la manière suivante : Du 1er mai au 1er septembre, de 8 heures à 12 heures et de 14 heures à 19 heures en semaine et de 8 heures à 12 heures le dimanche.
Du 1er octobre au 30 avril, de 8 heures 30 à 12 heures et de 14 heures à 18 heures en semaine et de 8 heures 30 à 12 heures le dimanche.



La gérance des “bains-douches”


La gérance de l’établissement des “bains-douches” municipaux est confiée pour une durée d’un an renouvelable, à M. Moreau Jean, propriétaire à Rochechouart, moyennant une rétribution d’un montant représentant 50% des recettes.
En septembre 1946, M. Ernest Bourdit du “Puy du Moulin” lui succède en étant nommé préposé titulaire par les membres du Conseil Municipal.
Au mois de mai 1947, M. Bourdit, quittant la ville de Rochechouart, est remplacé par M. Jean-Baptiste Chapus du “Puy du Moulin”, ancien combattant et retraité de la S.N.C.F..
Au mois de septembre 1957, M. Chapus, est victime d’un malaise sur les lieux de son travail. Il décède à l’âge de 63 ans.
Il est remplacé en octobre 1957 par M. Brugeron René, qui occupera ce poste jusqu’à son décès en novembre 1966. C’est son épouse qui lui succèdera à ce poste, jusqu’à la fermeture définitive de l’établissement au début des années 1980.



Les difficultés



Dès la fin de la première année de fonctionnement des “bains-douches”, on s’aperçoit que le service est loin d’être rentable, notamment pour ce qui concerne les coûts engendrés par la chaufferie.
En décembre 1934, le conseil municipal, par mesure d’économie, décide que l’établissement sera fermé le jeudi, pour la période du 1er décembre au 1er mars de chaque année.
En juin 1935, le maire, Raymond Proust, et le conseil municipal, décident que dans un but d’économie et jusqu’à nouvel ordre, l’établissement sera ouvert uniquement les samedis et les dimanches.
En effet, un état des recettes et des dépenses pour l’année 1934, fait apparaître un déficit d’un montant de 3304 francs 55.
En 1935, il est décidé de l’achat par appel à la concurrence des 10 tonnes de charbon “anthracite du nord” nécessaires à l’alimentation du système de chauffage.
Ce moyen d’achat par adjudication sera maintenu y compris pour l’achat du fioul (4 tonnes) remplaçant le charbon quelques années plus tard.
Au cours de l’hiver terrible de 1954, des dégâts importants sont causés par le gel.
Du mois de décembre 1956 au mois de février 1957, l’établissement est fermé par manque de fioul, suite à la crise liée au canal de Suez.



Évolution des tarifs des services proposés aux “bains-douches” de 1934 à 1960.






La fin des “bains-douches” municipaux Rochechouartais





Malgré des travaux de modernisation effectués en 1960 et 1961, la fréquentation des “bains-douches” va décliner lentement et inexorablement au cours des années suivantes.
La salle de bains privative se démocratise suite au développement des réseaux urbains d’assainissement. Elle fait désormais partie intégrante des nouvelles constructions qui fleurissent à cette époque.
Les salles de bains à domicile prennent alors définitivement le relais des établissements municipaux. Les “bains-douches” municipaux de Rochechouart fermeront définitivement leurs portes au début des années 1980, après un demi-siècle de bons et loyaux services...

    Sources : “L’Union du Centre” - “Le Libérateur” - Journaux locaux - Archives personnelles






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