Laccusé qui comparaît ce 30 novembre 1936 au Palais de Justice de Limoges, place dAine, est un personnage maudit.
Né le 7 juillet 1909 chez les déshérités à la maternité de Limoges, il na jamais connu son père. Sa mère a déjà eu trois enfants avant lui, de pères inconnus. Dardillac est très vite abandonné par sa mère à lassistance publique. Il est mis en nourrice à la campagne près de Saint-Cyr. Très jeune, il a déjà une réputation de méchant, têtu, sournois.
On le prend très tôt à chaparder, à voler tout ce qui traîne autour de lui. Ses parents nourriciers, malgré beaucoup de patience, doivent sen séparer.
On le place à Limoges à la Villa Robert qui reçoit les enfants assistés encore sans emploi. Mais même dans ce lieu où lon a rarement à faire à des anges, il passe pour une forte tête.
On le renvoie à la campagne comme valet de ferme. Mais sans intelligence, inculte, buté, il devient vite hargneux, féroce, gratuitement. Il finit par lasser de lâge de 16 à 20 ans douze de ses maîtres....
Dès lâge de 17 ans, il est condamné pour vol. Deux ans plus tard il récidive et fait quelques mois de prison. Lassistance, inquiète, tente de le reprendre en mains. Elle lenvoie dans la maison de correction de Mettray. Il sen échappe.
On le retrouve quelques mois plus tard, mais lassistance est désarmée. Il est majeur et en prison.
À peine libéré, il épouse une petite paysanne de 16 ans, Jeanne M. avec laquelle il aura deux enfants : Raymonde qui a 4 ans au moment du drame, et Jean, deux ans.
Dardillac, dabord plâtrier, réussit à acquérir un petit bien au village du Royer et à y ouvrir un café. Mais les affaires dans ce coin de campagne reculé marchaient mal. Il tenta bien dorganiser des bals le dimanche mais les dettes saccumulèrent vite.
À nouveau, il se fit condamner pour de petits larcins, et les gendarmes le tenaient à loeil... Les clients se firent alors de plus en plus rares, car les gens se méfiaient de lui et lévitaient.
Cest donc une rude tâche qui attend au procès, son défenseur, Maître Arbellot, assisté dune jeune avocate Maître Simone Corbineau.
Maître Gaston Charlet plaide pour la famille Chabrou, Maîtres Jean-Charles Legrand et A. Benamor défendent les intérêts de Mme Fredon et de ses enfants.
Le 1er décembre 1936, malgré la brillante plaidoirie de Maître Arbellot qui tente déviter pour son client le châtiment suprême, il faudra moins dune heure aux jurés pour délibérer et prononcer la sentence : la peine de mort !
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Maître Arbellot, le défenseur de laccusé formule alors une demande de recours en grâce. Les jurés la signent à lunanimité en hommage au dévouement de Maître Arbellot et surtout par pitié pour les deux gamins du condamné.
Mais, quelque temps plus tard, la commission des grâces se prononce contre toute atténuation de peine.
Le jeudi 25 février 1937, Albert Lebrun, Président de la République, reçoit en audience les défenseurs de Dardillac. Malgré les trésors déloquence déployés par ces derniers, il reste sourd à leurs arguments. Dardillac sera bien guillotiné...
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