Retour page d’accueil

Double crime dans la nuit :
L’affaire Dardillac

À l’aube d’une journée tragique  -  Le déroulement du drame  -  La découverte d’une scène d’horreur  -  L’enquête de gendarmerie, l’arrestation du meurtrier
Le procès, la condamnation à la peine capitale  -  L’exécution  -  Le fantôme du supplicié vient hanter sa demeure



     C. Pierillas -reproduction interdite-


Le 4 mars 1936 et les jours suivants, la terrible nouvelle se répand à Rochechouart et dans les environs comme une traînée de poudre : un odieux assassinat a été commis la veille à quelques kms de la cité.
Les victimes sont un marchand de vins de Saint-Junien et une autre personne.... Les munitions utilisées pour perpétrer les meurtres ont été achetées un jour de foire à Rochechouart !
L’affaire qui deviendra rapidement l’affaire “Dardillac” sera dans toutes les têtes et les conversations et attirera dans la région les journalistes de la presse Parisienne, jusqu’à ce 3 mars 1937, un an jour pour jour après le drame, où Deibler, “l’exécuteur des hautes oeuvres” dressera les bois de justice devant la prison de Limoges devant une foule considérable. Dardillac mourra courageusement sous la guillotine... mais son fantôme sans tête reviendra hanter sa demeure !
Cette exécution sera la dernière, en place publique, à Limoges.




À l’aube d’une journée tragique






 
Ce 3 mars 1936 c’est jour de foire à Cognac-le-Froid (Cognac-le-Froid s’appelle depuis 1991 Cognac-la-Forêt), et c’est une journée bien maussade qui s’annonce.
Les sols sont détrempés et il n’est guère possible dans ces condtions de travailler la terre. Dardillac, petit exploitant et débitant du petit village de “Royer” situé entre Rochechouart et Saint-Auvent qui pensait avancer dans ses travaux de labour décide donc de se rendre à la foire de Cognac. Il doit en profiter pour vendre là-bas son foin et il a également une dette à régler. Sa situation financière n’est pas brillante, et pourtant il doit faire vivre sa famille avec ses deux jeunes enfants.
Presque machinalement, au moment du départ, il glisse dans la poche de sa veste un revolver et les munitions achetées le 26 précédent à la foire de Rochechouart, chez M. Vignéras, armurier place de l’église.
Pourquoi prendre cette arme ? Peut-être pour se donner un peu d’assurance ou se protéger de quelque malandrin rencontré en cours de route. Il n’a sans-doute aucunement conscience que ce geste qu’il vient d’accomplir va sceller son destin et celui de deux autres innocentes personnes.
À quelques kilomètres de là, à Saint-Junien, M. Martial Fredon, marchand de vins, tente avec difficultés de démarrer sa camionnette Renault. Il doit se rendre à la foire de Cognac pour ses affaires, prendre des commandes et livrer des fûts de vin. Le véhicule démarre enfin, et son épouse qui a assisté à ce départ difficile lui recommande une dernière fois de ne pas rentrer trop tard.






  Retour haut de page

Le déroulement du drame






La place du champ de foire à Cognac-le-Froid au début du 20ème siècle

 
La place de Cognac-le-Froid est déjà grouillante de monde. Les foires à cette époque revêtaient une grande importance car elles conditionnaient souvent le commerce de la semaine pour toute la région.
Il y a là des marchands de vins, des marchands de volailles gesticulant au milieu de leurs cageots piaillants, des maquignons qui tournent silencieux autour des chevaux et des boeufs. Des paysans en blouse, le gourdin à la main, tiennent de longs conciliabules pour vendre leur récolte.
Martial Fredon fait lui aussi ses affaires et achète sur place à un autre négociant propriétaire d’un commerce à Cognac, quelques barriques d’un certain vin dont il a un besoin immédiat pour des “coupages”.
À une heure de l’après-midi les tonneaux sont déjà arrimés à l’arrière de la vieille camionnette et Fredon décide d’aller déjeuner au café “Pierre” où les âpres discussions reprennent autour des plats et des bouteilles de vin.
Henri Dardillac s’est lui rendu chez le coiffeur du lieu. Il s’y est fait raser, couper les cheveux. Il n’a pas pu se mettre d’accord avec le client qui devait lui acheter son foin. Il se rend à l’auberge du coin pour déjeuner, seul. Il a déjà dépensé une partie de l’argent destiné au remboursement de sa dette. C’est encore une mauvaise journée....
Soudain, par hasard, il se trouve nez à nez avec Martial Fredon et lui demande s’il ne peut pas lui laisser une place dans la camionnette pour le ramener au plus près de chez lui. Dardillac n’a pas très bonne réputation, mais Fredon le connaît. C’est un de ses clients. Il accepte donc de le prendre comme passager.
L’après-midi est fort avancé et Fredon doit encore s’arrêter chez des clients sur le chemin du retour. La température a fortement chûté et quelques flocons de neige à peine perceptibles commencent à tomber. Au moment où Martial Fredon monte dans sa camionnette il aperçoit une vieille connaissance, Maurice Chabrou, que tout le monde appelle “le père Maurissou”. Ce dernier, 84 ans, s’est rendu à Cognac pour toucher sa pension. Martial Fredon lui propose de le ramener à Saint-Junien.
Chabrou accepte et monte dans la camionnette près du chauffeur. Dardillac lui, trouve une place entre les sièges avant et les tonneaux.
La nuit tombe et les arrêts se succèdent, tout d’abord à Saint-Cyr où Martial Fredon reçoit le paiement de factures. Le véhicule remonte ensuite vers Saint-Junien par la départementale 21, avec de nouveaux arrêts chez des clients de Fredon : “Les Combes” puis “Chez Barataud” au débit des époux Thibaud.
À chaque station on trinque, mais Dardillac reste silencieux, muré dans ses pensées. Il a vu au cours de ces multiples arrêts, le portefeuille de Fredon rempli de billets s’ouvrir et se fermer. Il serre son revolver dans la poche de son pardessus... Il vient de prendre sa funeste décision....



La camionnette tragique du marchand de vins Martial Fredon

 
À la sortie du débit, Martial Fredon interpelle Dardillac : “Te voilà arrivé au plus près de chez toi. Je te laisse donc ici !”. Le débit Thibaud est en effet situé près du carrefour et de la route qui, par les villages de “La-Berthe” et “Fontférias” conduit directement au village de “Royer” où demeure Dardillac.
Dardillac qui s’est sans-doute préparé à cette proposition qui met à mal le plan qu’il vient soudainement d’échafauder, prétexte qu’il connaît un raccourci un peu plus loin sur la route de Saint-Junien et remonte dans la camionnette.
Le véhicule repart, traverse le lieu-dit “La Clautre” et son ancienne tuilerie et s’engage dans une longue ligne droite bordée de bois et de taillis. Le dernier carrefour qui permet à Dardillac de rentrer chez lui approche, juste après le prochain virage à la fin de cette ligne droite. Il doit faire vite... Il pousse un des tonneaux près de lui, hors du véhicule. Fredon freine et stoppe au bord de la route sans arrêter le moteur. Tout en fustigeant ce geste qu’il prend pour une maladresse, Martial Fredon descend du véhicule avec ses passagers pour remettre le tonneau à sa place, puis tout le monde se réinstalle dans la camionnette.
C’est à cet instant que tout bascule : alors que le conducteur s’apprête à repartir, Dardillac qui a sorti son revolver à barillet chargé de cinq cartouches vise le marchand de vins et lui tire deux balles dans la tête du côté droit. Affolé, le père “Maurissou” se retourne et reçoit également deux balles dans la tête du côté gauche.
Bien que les coups mortels aient déjà été donnés, Dardillac qui pense voir Martial Fredon bouger, sort un couteau et lui tranche la gorge.
Le meurtrier saute alors du véhicule et se précipite vers la portière gauche. Il fouille les vêtements du cadavre, trouve le portefeuille convoité et s’en empare prestement.
Il fait nuit et le lieu est désert. Soudain, le bruit d’un moteur se fait entendre. Dardillac bondit et se cache dans le taillis. L’automobile passe sans s’arrêter. Quelques instants plus tard, des phares percent à nouveau la nuit. C’est le véhicule du meunier Lory qui habite près de Saint-Laurent-sur-Gorre. Dardillac, affolé, se précipite à nouveau dans le taillis. Il y lance le revolver et le portefeuille pensant les récupérer plus tard. Le véhicule a ralenti mais ne s’est pas arrêté. Le conducteur a pourtant reconnu dans la lumière de ses phares, près de la Renault cet homme de petite taille et aux chaussures si particulières avec des raies blanches. Il sera plus tard un témoin capital pour l’enquête.
Dardillac n’a plus désormais qu’une idée : rejoindre sa demeure sans se faire voir. Il rebrousse chemin jusqu’au carrefour “Chez Barataud”, coupe à travers bois pour éviter les maisons de la “Grande-Berthe” et de “Fontférias”, rejoint enfin le chemin qui remonte vers son exploitation.






  Retour haut de page

La découverte d’une scène d’horreur







Dans la camionnette, les victimes sont affaissées l’une sur l’autre

 
Il est minuit. Chez les Fredon l’inquiétude va grandissante. Mme Fredon et ses deux fils, un de quinze ans, un de onze ans, sont dans la salle à manger. Ils ont attendu longtemps Martial avant de se décider à manger la soupe froide.
Les heures ont passé et une inquiétude dévastatrice envahit Mme Fredon : Ce n’est pas possible, jamais son mari ne s’est attardé aussi longtemps... Il est sûrement arrivé un malheur !
N’y tenant plus, elle prend son manteau et sort. Son fils aîné la suit. Ils courent jusque chez un voisin, un boulanger, qui possède une auto.
L’homme ouvre sa porte, écoute, comprend et tente de la rassurer. Une panne peut-être !
Il sort sa voiture, fait monter Mme Fredon et son fils, et prend la route de Cognac. Il fait nuit noire et la neige qui tombe maintenant plus abondante, a commencé à déposer sur les bas-côtés de la route une fine pellicule blanche.
Soudain, après quelques kms, le contour de la camionnette se découpe à la lueur des phares. Sur le siège avant on distingue deux silhouettes qui semblent endormies. Le boulanger se veut rassurant : “Ils ont un peu bu ! Ils dorment...”. Mais Mme Fredon, elle, n’y croit pas. Elle s’approche, appelle son mari, doucement puis plus fort. Elle avance la main, touche son visage et son appel devient un hurlement de douleur.
Le boulanger repart comme un fou chercher des secours. Une demi-heure plus tard les gendarmes sont là près de l’épouse prostrée et de son fils claquant des dents de froid et de terreur.



Les victimes : Martial Fredon à gauche et Maurice Chabrou “le père Maurissou” à droite

 
Les gendarmes écoutent la femme et l’enfant, des lanternes sont allumées. Le tragique véhicule est examiné.
La scène semble ensorcelée, car à part les cadavres des victimes il n’y a rien d’anormal. La voiture n’a rien heurté, les tonneaux à l’arrière sont à leur place...
Fredon est assis devant son volant qu’il tient encore dans ses fortes mains, la tête renversée en arrière. Le passager a la tête posée sur l’épaule de son compagnon.
Un médecin arrive à son tour, et après examen, précise que les deux hommes ont été surpris et tués sur le coup par des balles de revolver tirées dans leur nuque à bout portant. L’assassin avait également donné un coup de couteau dans la gorge de Fredon comme coup de grâce ou de précaution.
L’enquête de gendarmerie commence.
Le boulanger ramène à Saint-Junien Mme Fredon hagarde et son aîné.



Le transport des corps des victimes à Saint-Junien



Le lieu du crime aujourd’hui






  Retour haut de page

L’enquête de gendarmerie, l’arrestation du meurtrier





Les gendarmes, en pleine nuit, reprennent lentement le trajet suivi par les victimes.
Après plusieurs centaines de mètres sans habitation, ils arrivent à l’auberge Thibaud. Ils s’arrêtent, frappent à la porte et se font ouvrir. Ils demandent au débitant s’il n’a pas vu passer la voiture du marchand de vins.
Thibaud est étonné. Il se fait expliquer les raisons de cette recherche... Dès qu’il a la connaissance du drame et la certitude que seules deux personnes ont été retrouvées assassinées, il serre les poings et s’exclame : “Le salaud ! On aurait dit que je m’en doutais !”
Les gendarmes lui demandent de qui il veut parler. “Dardillac” répond-il sans hésitation.
Pour les gendarmes, Dardillac, accompagnateur des deux victimes au café Thibaud et absent de la scène de crime, ne peut être que le coupable. De plus, rapidement, ils recueillent le témoignage du meunier Lory qui a aperçu dans la lumière de ses phares, la silhouette de Dardillac près de la camionnette tragique.
Toutes les gendarmeries sont prévenues, notamment celle de Saint-Laurent-sur-Gorre dont dépend le petit village où demeure Dardillac.



Le meunier Lory, témoin capital pour l’enquête



L’arrestation de Dardillac

 
À l’aube les gendarmes se présentent au “Royer” à la maison des Dardillac. Ils n’y trouvent que sa femme et ses enfants.
Ils apprennent que Dardillac est parti prendre le car pour Limoges. Des hommes se postent à l’arrêt de “Chez-Moutaud” sur la route de Cognac, font arrêter le véhicule et se saisissent de l’individu.
Dardillac est transporté à la gendarmerie de Saint-Junien. Le revolver n’a pas été retrouvé sur les lieux du crime, ni le portefeuille de Fredon. Ils n’ont pas été retrouvés non plus dans la demeure de Dardillac ou ses dépendances.
Pressé de questions par les enquêteurs, le suspect nie l’évidence. Il prétend être descendu du véhicule avant le lieu du drame. Il prétend également ne pas posséder de revolver.
Malgré les témoignages du meunier Lory et de Thibaud, l’accusé s’enferme dans ses dénégations.
Ce n’est que le lendemain vers 18 heures alors qu’on lui pose des questions sur les munitions pour revolver qu’il avait achetées le 26 précédent, jour de foire à Rochechouart chez l’armurier Vignéras, place de l’église, qu’il avoue enfin et consent à faire le récit de son horrible forfait.
Il demande ensuite à voir sa femme et ses enfants que l’on a transportés à la gendarmerie. Ces derniers, en larmes, embrassent leur père. Celui-ci donne quelques conseils à sa femme : arrêter le débit et continuer à cultiver leur maigre lopin de terre.
Le lendemain, le meurtrier est transporté à la maison d’arrêt de Limoges.



La foule hostile attend l’arrivée de Dardillac à l’entrée de la maison d’arrêt de Limoges



Les victimes collatérales : Mme Fredon et l’un de ses fils (à gauche), Mme Dardillac et ses enfants (à droite)






  Retour haut de page

Le procès, la condamnation à la peine capitale







 
L’accusé qui comparaît ce 30 novembre 1936 au Palais de Justice de Limoges, place d’Aine, est un personnage maudit.
Né le 7 juillet 1909 chez les déshérités à la maternité de Limoges, il n’a jamais connu son père. Sa mère a déjà eu trois enfants avant lui, de pères inconnus. Dardillac est très vite abandonné par sa mère à l’assistance publique. Il est mis en nourrice à la campagne près de Saint-Cyr. Très jeune, il a déjà une réputation de méchant, têtu, sournois.
On le prend très tôt à chaparder, à voler tout ce qui traîne autour de lui. Ses parents nourriciers, malgré beaucoup de patience, doivent s’en séparer.
On le place à Limoges à la “Villa Robert” qui reçoit les enfants assistés encore sans emploi. Mais même dans ce lieu où l’on a rarement à faire à des anges, il passe pour une forte tête.
On le renvoie à la campagne comme valet de ferme. Mais sans intelligence, inculte, buté, il devient vite hargneux, féroce, gratuitement. Il finit par lasser de l’âge de 16 à 20 ans douze de ses maîtres....
Dès l’âge de 17 ans, il est condamné pour vol. Deux ans plus tard il récidive et fait quelques mois de prison. L’assistance, inquiète, tente de le reprendre en mains. Elle l’envoie dans la maison de correction de Mettray. Il s’en échappe.
On le retrouve quelques mois plus tard, mais l’assistance est désarmée. Il est majeur et en prison.
À peine libéré, il épouse une petite paysanne de 16 ans, Jeanne M. avec laquelle il aura deux enfants : Raymonde qui a 4 ans au moment du drame, et Jean, deux ans.
Dardillac, d’abord plâtrier, réussit à acquérir un petit bien au village du “Royer” et à y ouvrir un café. Mais les affaires dans ce coin de campagne reculé marchaient mal. Il tenta bien d’organiser des bals le dimanche mais les dettes s’accumulèrent vite.
À nouveau, il se fit condamner pour de petits larcins, et les gendarmes le tenaient à l’oeil... Les clients se firent alors de plus en plus rares, car les gens se méfiaient de lui et l’évitaient.
C’est donc une rude tâche qui attend au procès, son défenseur, Maître Arbellot, assisté d’une jeune avocate Maître Simone Corbineau.
Maître Gaston Charlet plaide pour la famille Chabrou, Maîtres Jean-Charles Legrand et A. Benamor défendent les intérêts de Mme Fredon et de ses enfants.
Le 1er décembre 1936, malgré la brillante plaidoirie de Maître Arbellot qui tente d’éviter pour son client le châtiment suprême, il faudra moins d’une heure aux jurés pour délibérer et prononcer la sentence : la peine de mort !



 
Maître Arbellot, le défenseur de l’accusé formule alors une demande de recours en grâce. Les jurés la signent à l’unanimité “en hommage au dévouement de Maître Arbellot et surtout par pitié pour les deux gamins du condamné”.
Mais, quelque temps plus tard, la commission des grâces se prononce contre toute atténuation de peine.
Le jeudi 25 février 1937, Albert Lebrun, Président de la République, reçoit en audience les défenseurs de Dardillac. Malgré les trésors d’éloquence déployés par ces derniers, il reste sourd à leurs arguments. Dardillac sera bien guillotiné...






  Retour haut de page

L’exécution







Les préparatifs de l’exécution devant la maison d’arrêt de Limoges



Deibler, “l’exécuteur des hautes oeuvres”, va accomplir à Limoges, sa 385ème exécution

 
Le 3 mars 1937, un an jour pour jour après l’horrible assassinat de Mrs Fredon et Chabrou, le bourreau Deibler est à limoges.
La guillotine est montée à cheval sur le trottoir et la rue devant la maison d’arrêt de Limoges. Convergeant de tous les points de la ville et des environs la foule s’est amassée dans la partie supérieure du champ de foire face à la prison et derrière les cordons de police, de gendarmes et de gardes républicains. Une unité du 107ème régiment d’infanterie et un détachement du 20ème dragons à cheval ont été mobilisés. Le froid est glacial.
À 5 heures 15 Dardillac est réveillé par les magistrats, Maître Arbellot son défenseur et M. le chanoine Remenieras curé du Sacré-Coeur. On lui annonce le rejet de son pourvoi en cassation et de sa grâce. Il accepte d’entendre la messe et de communier. Il a entre les mains les photos de ses gosses et ne les quitte pas des yeux. Il murmure : “Mes pauvres enfants. Que vont-ils devenir ?”
La cérémonie terminée, il refuse la cigarette et le verre de rhum traditionnel. Il demande à ne pas être entravé : “Je ne veux pas me sauver !” déclare-t-il.
À 6 heures 10, le condamné se dirige calmement et courageusement vers la guillotine. Quelques instants plus tard sa tête roule dans le panier. Dardillac vient de payer ses crimes.








  Retour haut de page

Le fantôme du supplicié vient hanter sa demeure







 
Celà fait maintenant un mois que Dardillac a subi le châtiment suprême, mais à Saint-Auvent, Rochechouart, Saint-Cyr, Cognac-le-Froid, Saint-Laurent-sur-Gorre et à 20 lieues à la ronde on ne parle que de celà : le fantôme sans tête de Dardillac serait revenu hanter sa maison.
La maison de Mme Dardillac est une vieille bâtisse appuyée à deux autres. Elle comprend un étage et un grenier. Au rez-de-chaussée, le débit a été fermé. Mme Dardillac et ses enfants occupent le premier étage. Ici se trouve une trappe qui conduit au grenier et seule une échelle permet d’atteindre cette trappe.
La plus proche voisine de la maison Dardillac témoigne :
“Mme Dardillac était allée dans sa famille au moment de l’exécution de son mari. Elle est revenue dans sa maison le 6 mars.
Vers 20h 30 alors qu’elle était dans sa maison et que je veillais auprès du feu chez moi avec d’autres voisines, nous avons entendu des coups et un grand bruit venant du grenier de Mme Dardillac. Celà tapait fort, très fort ! On aurait dit qu’on voulait tout entraîner.... Mme Dardillac apeurée est venue se réfugier chez nous avec ses enfants qui pleuraient et qui criaient “le loup !”, “le loup !”.
Les bruits ont alors cessé soudainement. Ils ont repris lorsque Mme Dardillac et ses enfants sont repartis se coucher...”
Les bruits entendus se sont reproduits pendant près d’un mois, toujours entre 8 heures 30 du soir et 1 heure du matin.
Une visite du grenier par un homme du village voisin est effectuée et ne donne rien. De l’eau bénite est répandue dans le local à l’aide d’un rameau, mais, après une courte accalmie, les bruits ont repris : “Des bruits étranges” témoigne un voisin, “comme des vaches traînant une herse dans le grenier ou d’autres fois, comme une auto qui roule...”. Il y a aussi l’apparition près de la maison du supplicié, de ce “gros chien blanc” qui se volatilise ensuite dans la nuit !
Les gendarmes de Saint-Laurent-sur-Gorre sont avertis de cet étrange phénomène. Ils interrogent le voisinage et restent plusieurs nuits à guetter pour tenter d’éclaircir le mystère. Ils ont disposé dans le fameux grenier des pièges à rats.
Un matin, ils ont constaté que deux énormes rongeurs avaient été capturés. Ils ont montré leur capture aux habitants du village pour les rassurer. Mais ces derniers ont affirmé que les bruits perçus ne pouvaient provenir de ces rongeurs. Quand à Mme Dardillac elle explique qu’on lui en veut ainsi qu’à son fiancé, car elle doit se marier dès que les délais le lui permettront, avec le fils d’un propriétaire des environs....







Dans le cimetière de Cognac-la-Forêt, sur une modeste tombe, une plaque rappelle l’odieux assassinat de Maurice Chabrou, 84 ans.


    Sources : “Détective”  -  “Police Magazine”  -  Presse de l’époque  -  Recherches personnelles
    L’utilisation totale ou partielle des documents de cette page pour alimenter un site web, blog, magazine ou autre média est strictement interdite.


  Retour haut de page