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Justin Dupanier : une saga familiale.



Le nom de Justin Dupanier, lié à l’imprimerie Rochechouartaise, est resté dans notre mémoire. Mais plus que l’histoire et le destin d’un homme, c’est plutôt une saga familiale de deux siècles qui reste attachée à l’histoire de notre ville et à ses habitants .
Tout commence ce 8 février 1793, par la découverte d’un nouveau-né dans un panier, à l’entrée d’une maison faubourg du “Grand-Châtenet”. Les particularités de cette découverte, entraîneront le choix du nom qui sera donné à cet enfant de parents inconnus : le nouveau-né portera le nom de Dupanier et se prénommera Pierre.
Quelques années plus tard, Pierre Dupanier épouse Marie Desplanches qui lui donnera trois enfants : deux filles, Catherine et Henriette, et un fils, Louis.
Louis Dupanier, marié à Louise Martial, aura à son tour trois enfants : une fille, Léonie, et deux fils, Justin et Louis-Jean Dupanier qui seront les fondateurs de l’imprimerie à Rochechouart.




Acte de naissance de Pierre Dupanier, en date du 8 février 1793


Une destinée exceptionnelle et un premier drame familial





Né le 31 décembre 1870, Justin obtient très vite un diplôme d’honneur de sténographie, à Pontoise, dans la région Parisienne. En 1890, âgé de 19 ans, il procède à l’installation d’une imprimerie à Rochechouart, place Dupuytren, à l’emplacement d’un immeuble appartenant autrefois à Jules Tenant, ancien magistrat et maire de Rochechouart, et acquis par échange par Louis Dupanier, le père de Justin.
On ne peut qu’être admiratifs devant la volonté et les capacités d’un jeune homme de moins de vingt ans à fonder une telle entreprise dans un domaine qui était pour l’époque avant-gardiste.
Le 8 février 1891, un premier journal sort des presses de l’imprimerie Rochechouartaise. Il s’intitule : “Les annales littéraires et judiciaires de l’arrondissement de Rochechouart”. Le 16 août 1896, ce dernier prendra le nom pour de longues années de “Journal de Rochechouart”.



Justin Dupanier entouré de ses ouvriers.



En 1898, un drame familial vient assombrir cette belle réussite. L’épouse de Justin, Catherine Miette, décède à l’âge de 22 ans. C’est dans le travail et avec l’aide de son frère Louis, son associé dans la bonne marche de l’imprimerie, que Justin va puiser l’énergie pour surmonter ce passage douloureux de son existence.



Louis (et son épouse Clémence Picaud), frère de Justin, et associé dans la direction de l’imprimerie.





10 juillet 1905 : un second mariage et un nouveau départ





Le 10 juillet 1905, Justin Dupanier épouse en secondes noces Valentine Pagnoux. Originaire de la ville de St-Junien, Valentine est la fille de gantiers, les “Pagnoux - Anderodias”. Valentine Pagnoux donnera trois enfants à Justin : une fille Marie-Claire, née en 1908, et deux garçons, Martial, né en 1911, et Henri qui décèdera à la naissance.



La ganterie “Pagnoux-Anderodias” à Saint-Junien



Valentine Pagnoux, seconde épouse de Justin Dupanier.



Les jours heureux enfin retrouvés avec la petite Marie-Claire.

Justin Dupanier est un ardent participant à la vie locale Rochechouartaise, et il serait trop long ici d’énumérer toutes ses actions journalistiques et autres, ayant pour but la défense des intérêts des citoyens de sa ville, son implication dans les différentes sociétés qui valorisent la cité. Il faut citer tout de même la “Société des Amis des Sciences et des Arts”, la “Société de Secours Mutuels”, la “Société Harmonique”, “L’Orphéon”. Des ouvrages littéraires, produits par des érudits Rochechouartais sont édités régulièrement dans son imprimerie ou bien paraissent dans son journal sous la forme d’articles feuilletons.
Une chose est certaine : Justin Dupanier est très attaché à sa ville et ses habitants et il défendra l’une et les autres en toutes circonstances....





Séparation des deux frères à la direction de l’imprimerie
Le conflit de 1914-1918







Justin Dupanier en 1915

L’année 1910 marque la séparation des deux frères à la direction de l’imprimerie Rochechouartaise. Il est vrai que ces derniers menaient de front la rédaction du “Journal de Rochechouart” et la diffusion du journal “Le Nouvelliste” à Bellac.
D’un commun accord, les actifs provenant de l’imprimerie de notre ville sont partagés. Justin est désormais le seul directeur de l’entreprise à Rochechouart, et son frère Louis prend seul la direction du “Nouvelliste” de Bellac.
Mais le terrible conflit mondial de 1914-1918 se profile déjà.... La rédaction du journal est interrompue de septembre 1914 à juin 1919.
Les deux frères participent chacun à leur manière à l’effort de guerre. dont les conséquences entraîneront le décès de Louis, gazé dans les combats, en 1920. Son nom figure sur la longue liste des héros de cette guerre sur le monument aux morts de notre ville.





1919-1933 : L’apogée du journal







Justin Dupanier en 1927

À la fin du mois de juin 1919, “Le journal de Rochechouart” sort à nouveau des presses. Les ventes s’accélèrent. La renommée de ce journal local commence à atteindre les parties limitrophes des départements de la Charente et de la Dordogne.
Justin Dupanier décide d’étendre l’information à ces régions. Un nouveau journal est créé pour tenir compte de ces nouvelles exigences. Le 2 juin 1923, il prend le nom de “L’Union du Centre (Limousin-Angoumois-Périgord)”. La vente du journal est à son apogée.



Justin Dupanier, son épouse et ses employés, devant l’imprimerie en 1922.





14 avril 1934 : décès de Justin







La “une” de “L’Union du Centre”, le samedi 21 avril 1934, annonçant le décès du directeur du journal

Le 14 avril 1934, Justin Dupanier est terrassé par une attaque foudroyante, en pleine activité professionnelle.
Ses obsèques ont lieu le 18 avril, et l’église de Rochechouart ne peut contenir la population venue lui rendre hommage.
En tête du cortège qui l’accompagne à sa dernière demeure, on remarque les bannières voilées de crêpe de la “Société Harmonique”, de la “Société de secours mutuels” dont il fut longtemps le membre dévoué. Les enfants de l’école libre sont là également, accompagnés de leur directeur.
Les cordons du poêle sont tenus par M. Charles Soury-Lavergne, M. Eugène Proust, industriel à Paris, M. Simonnaud, propriétaire à Rochechouart, M. Pierre Proust, industriel à Rochechouart, amis du défunt.
Ses amis et confrères journalistes sont présents également avec M. Élie Jacquet, rédacteur au “Courrier du Centre”, et M. Bonnaud, directeur du “Moniteur de la Haute-Vienne”.
Chacun s’accorde à reconnaître les qualités de bonté du défunt : bonté envers son personnel et ses amis.





L’aventure du journal continue avec Marie-Claire et Martial Dupanier







Marie-Claire Dupanier



Martial Dupanier

Il fallait une personne d’une grande énergie, pour ne pas céder à la douleur et à des difficultés aussi soudaines et imprévisibles. Marie-Claire Dupanier, femme de caractère, sera celle-là.
Aidée de son frère Martial, elle va continuer l’oeuvre entreprise par son père, et le journal sera sauvé.
Ce dernier rencontrera bien-sûr d’autres difficultés au fil du temps et changera de nom après la 2ème guerre mondiale pour devenir “Le Libérateur”. Il continuera d’alimenter cette chronique unique de la vie à Rochechouart pendant un siècle jusqu’à ce 11 juillet 1981, date fatidique de la fermeture définitive de l’imprimerie.

Avec le décès de Marie-Claire Dupanier le 30 janvier 1988, et celui, quelques années plus tard de son frère Martial, le 5 mai 1997, s’éteignait cette belle aventure familiale qui aura traversé deux cents ans d’histoire....

    Sources : “Journal de Rochechouart” - “L’Union du Centre” - Archives personnelles : famille Pommarel.