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Le Cardinal Simon de Cramaud.



Simon de Cramaud naquit au château de Cramaud, paroisse de Biennac, près de Rochechouart, vers 1345. Il était le fils de Pierre Tison de Cramaud, damoiseau, et de Marthe de Sardène, dame du château de Solignac.
Il fut baptisé à Biennac et eut deux frères, Pierre et Aymeric.
Pierre, l’aîné, embrassa le métier des armes. Il se distingua en 1356 à la bataille de Poitiers, où le roi Jean fut fait prisonnier par les Anglais. Pierre, sire de Cramaud, noble officier, portait dans cette terrible bataille, en qualité d’enseigne, la bannière du seigneur Vicomte de Rochechouart, qui fut tué au combat. Pierre de Cramaud échappa heureusement au désastre de cette triste journée.
Aymeric de Cramaud, le plus jeune des trois frères, mourut en bas âge.

L’église de Biennac



Un puissant personnage, estimé des papes et des rois





Simon de Cramaud était destiné dès sa jeunesse à l’état ecclésiastique. Il entra dans l’abbaye des bénédictins de St-Lucien de Beauvais. Il termina ses études très tôt. Dès 1369, il était licencié ès-lois.
Grâce au crédit de Pierre, son frère aîné, Simon fut député du pape qui tenait son siège à Avignon. Pierre obtint encore à Simon la charge de maître des requêtes du roi Charles VI en 1380, et plus tard celle de chancelier de Jean de France, duc du Berry, comte du Poitou et d’Auvergne, et fils du roi Jean.
Il fut ensuite nommé chancelier de Jean le Camus et pourvu de l’évêché d’Agen, le 16 juin 1382.
En 1383 il est nommé évêque de Poitiers et administrateur de l’évêché de Béziers. En 1391, il est chanoine de Saint-Martin de Tours, évêque d’Avignon, patriarche d’Alexandrie et administrateur de Carcassonne. En 1394, 1398 et 1408, il est élu président des conciles ou grandes assemblées du clergé. Dans un de ces conciles étaient présents, l’empereur Wenceslas, Charles VI roi de France, Charles III roi de Navarre, des princes et les grands personnages du royaume ! À cette occasion, il eut l’honneur d’être à la table de l’empereur et des deux rois...
En 1394 il est nommé conseiller du roi. En 1396 il est envoyé en ambassade en Angleterre, puis en Espagne.
Disgracié en 1400, il retourna administrer son évêché. En 1402 il fonda une psalette (un maître de musique et six enfants de choeur), dans l’église cathédrale de Poitiers.
Il rentra en grâce en 1404, et en 1407 il prit la tête de l’ambassade envoyée vers Benoît XIII qui s’était réfugié à Marseille après s’être enfui d’Avignon. Simon de Cramaud montra beaucoup de prudence et de fermeté dans cette affaire.
En 1400, Bernard de Bonneval, évêque de Limoges, et le chapitre de Saint-Junien, le prirent pour arbitre afin de mettre fin à un différend élevé entre eux.
En 1405, Simon de Cramaud fit don d’un missel, écrit sur vélin en belles lettres gothiques, à la cathédrale de Limoges, don très précieux alors que l’imprimerie n’était pas inventée...
En 1406, Simon de Cramaud et sa belle-soeur Almodis des Collines, veuve du chevalier Pierre de Cramaud, firent don à l’église de Saint-Junien de quelques biens et d’une somme de cent francs pour faire célébrer à perpétuité une messe solennelle pour le salut de leur âme et pour celles de leurs parents et bienfaiteurs. Cette même année (1406), Simon de Cramaud fonda dans l’église de Biennac quatre chapellenies. Cette fondation est inscrite et gravée en beaux caractères gothiques sur une pierre blanche qui est encastrée dans le mur à gauche du choeur de l’église de Biennac (voir page consacrée à l’église de Biennac).



Le 10 juillet 1409, Simon est nommé à l’archevêché de Reims. La même année il assiste au concile de Pise où est prononcée la soustraction d’obéissance à Benoît XIII. En 1410 il assista au concile de Rome. Le 14 avril 1413, le pape Jean XXIII (l’antipape Baldassarre Cossa) le nomma Cardinal. Il fut alors nommé administrateur de l’évêché de Poitiers, ce qui lui valut le nom de Cardinal de Poitiers.
Il assista en 1415 au concile de Constance, où furent condamnées les doctrines de Jean Hus et de Jérôme de Prague.
En 1418, la cure de Bessines rejoignit ces prélatures et elle prit dès ce moment le titre d’archiprêtré.
Simon de Cramaud était un orateur distingué. Dans tous les conciles où il s’est trouvé, il a montré beaucoup de sagesse, de savoir et d’éloquence, au point qu’il dominait et entraînait son auditoire. Il fut sans aucun doute l’un des plus grands hommes de son siècle.
Il fit son testament au mois de mars 1421.
Les armes du Cardinal de Cramaud étaient d’azur avec une bande d’or, accompagnée de six merlettes, et l’orle de gueule à onze besants d’or, le tout surmonté de la double croix patriarcale.


L’époque de la mort du Cardinal de Cramaud n’est pas certaine. Les années 1422, 1426 ou bien 1429 sont avancées par différents auteurs ou historiens....
Inhumé dans la cathédrale de Poitiers, son tombeau en marbre blanc était surmonté d’une statue d’albâtre.
Quand, en 1552, les protestants s’emparèrent de la ville de Poitiers ils brisèrent le tombeau du cardinal et éparpillèrent ses cendres au vent.
L’enterrement du cardinal dans la cathédrale de Poitiers est certain. Cependant, la tradition orale et écrite fait également état de la présence d’un tombeau de ce même cardinal au cimetière de Biennac. Ce tombeau en pierre granitique, sur lequel était sculpté un ecclésiastique revêtu des habits sacerdotaux était encore visible à cet endroit, à la fin du 19ème siècle.
Cette double sépulture peut s’expliquer en supposant que le corps de Simon de Cramaud a été inhumé à Poitiers et que son coeur ou ses entrailles ont été portées dans le même temps dans le tombeau de famille à Biennac. Celà se pratiquait très souvent à cette époque...
La pierre tombale attribuée au cardinal est désormais visible, adossée au mur nord, à l’intérieur de l’église de Biennac.



  Sources : Abbé Duléry, “Rochechouart, histoire, légendes, archéologie”