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Guillou François, maire de la Libération de Rochechouart.



Né à “La Chabaudie” (petit village près de Rochechouart) en 1896, d’une famille de modestes et courageux cultivateurs, François Guillou fréquenta dès son plus jeune âge l’école de Babaudus.
Après un court apprentissage aux établissements “Proust-Michel-et-Cie”, fabrique de chaussures à Rochechouart, il remplit les fonctions d’imprimeur aux établissements “Durand-et-Nicollet”, papeterie à “Boischenu”.
En 1911 il part pour la capitale et parfait son instruction en qualité d’élève libre des cours complémentaires à l’Université de Paris.



Un héros, mutilé de la grande guerre





À la déclaration de guerre de 1914, François Guillou est incorporé au 2ème régiment de zouaves.
Il combat en Alsace, en Lorraine, à Verdun et dans la Somme. D’une vaillance à toute épreuve, il est souvent donné en exemple par ses chefs à ses camarades.
Intoxiqué par les gaz le 5 avril 1918, il refuse de se faire évacuer et il reçoit les plus élogieuses citations à l’ordre du jour de l’armée et du régiment.
Grièvement blessé à Villers-Bretonneux le 18 mai 1918 (il sera amputé du bras droit), il est réformé définitivement le 19 janvier 1919.
Ce comportement admirable lui vaudra la médaille militaire, la croix de guerre et la Légion d’Honneur.







Retour à la vie civile :
Une brillante carrière dans l’administration pénitentiaire, et la fonction de Maire à Rochechouart en 1944...






Après la guerre, François Guillou reprend la vie civile et entre dans l’administration pénitentiaire.
Son ascension y est des plus rapides. Il se fait remarquer par ses connaissances administratives, son organisation, ses méthodes de travail.
Débutant, en 1920, comme commis à la maison centrale de Caen, il est nommé après un brillant concours passé en 1936, sous-directeur à la maison centrale de Rennes, puis en 1938, directeur hors cadre de l’administration pénitentiaire.
En mars 1941, il est suspendu de ses fonctions par le gouvernement de Vichy. Menacé d’arrestation par la gestapo (il avait à Rennes une activité résistante clandestine), il revient au pays natal en 1941.
En 1944, membre du Comité Local de Libération, François Guillou est nommé maire de Rochechouart le 22 septembre et installé dans ses fonctions par M. Pierre Boursicot, Commissaire de la République, M. Jean Chaintron, Préfet de la Haute-Vienne et M. Guy Pauchou, Sous-Préfet de Rochechouart.
Réintégré dans l’administration par le Ministre de la Justice François de Menthon, qui lui annonce personnellement par téléphone à la Mairie de Rochechouart, sa nomination à la Direction Régionale de Limoges, poste nouvellement créé, il est ensuite nommé Directeur Régional à Châlons-sur-Marne.
Il est également Président du syndicat général des services pénitentiaires de France et des Colonies.
Mais, bientôt terrassé par la maladie, il est contraint de prendre sa retraite prématurément à Rochechouart.




De par ses fonctions dans le milieu carcéral, François Guillou a eu l’occasion d’assister à de nombreuses exécutions capitales. Il lui en est resté une profonde aversion pour la peine de mort que l’on retrouve dans ce petit essai, “L’aube sanglante” qu’il écrivit en Août 1928..





Une carrière politique bien remplie






Membre de la S.F.I.O., François Guillou a eu une longue carrière politique qui lui a apporté les plus grandes satisfactions.
Candidat contre M. Guy Lachambre à Dinard (élections cantonales), puis contre M. Massé (candidat de Pierre Laval) à Riom, il ne lui manque que 203 voix pour être élu député du Puy de Dôme !
On le retrouve ensuite Président de la section de Riom, ville où il fut le greffier comptable de la Centrale Pénitentiaire avant sa nomination à Rennes.
Il était également vice-président de la fédération du Puy-de-Dôme de la F.O.P..




Profession de foi de François Guillou lors des élections législatives du 26 avril 1936 (arrondissement de Riom).






Une bien courte retraite à Rochechouart. Les obsèques de François Guillou.






Admis à la retraite à compter du 26 mars 1948, François Guillou rejoint sa bonne ville de Rochechouart, mais, vaincu par la maladie, il décède quelques années plus tard, le 11 mai 1953.






Les obsèques de François Guillou se sont déroulées le mercredi 13 mai 1953, à Rochechouart, en présence d’une foule immense venue lui rendre hommage.
Il s’était lui-même choisi un dernier parcours conduisant à l’église, avant le repos éternel, parcours comprenant le passage à la porte de la mairie, le salut à ses frères d’armes au Monument aux Morts, un tour des “Allées”, dernier adieu à son village natal.
Précédant le char recouvert de fleurs rouges, ses camarades du parti socialiste et de la F.O.P. des Mutilés marchaient avec leurs drapeaux. Mrs Marcel Pont, maire, Gaston Delavie, ancien maire, Léon Boutinaud et Jean Restoueix, secrétaire de mairie, ses amis intimes, tenaient les cordons du poêle.
Une délégation des services pénitentiers, dont Guillou était Directeur Régional Honoraire, suivait la famille.
À l’église, la vie du défunt fut retracée par M. l’archiprêtre Bourdery, et devant la sépulture deux discours furent prononcés, l’un par M. Léon Boutinaud en qualité de grand ami du défunt, l’autre par M. Ognoies, trésorier fédéral, parlant au nom de la Fédération Socialiste de la Haute-Vienne.
Aujourd’hui, sur une belle tombe de marbre rose, quelques mots en lettres d’or rappellent le destin peu ordinaire et le passé glorieux de cet homme d’exception.







    * Sources : archives personnelles famille Guillou - Henriot.