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Noël 1961




Cette veille de noël 1961, la joie inhérente aux fêtes de fin d’année est teintée d’inquiétude pour beaucoup de familles qui ont un proche engagé, le temps de son service militaire, dans les opérations menées par l’armée française en Algérie.
Leurs craintes sont fondées. Elles découvriront dans le journal local, au lendemain des fêtes, ce terrible article relatant la funeste nouvelle apportée à une famille Corrézienne : le décès de leur cher fils, retrouvé égorgé le 5 janvier avec 17 de ses camarades dans une embuscade tendue par l’A.L.N. à Kerrata.
D’autres jeunes gens viennent de recevoir leur ordre de mission et leur feuille de route pour un départ immédiat vers l’Algérie, et le coeur n’est pas aux réjouissances.
Pourtant, à Rochechouart, tout est en place pour passer agréablement ce moment tant attendu par parents et enfants.
Au cinéma “Le Capitole”, le gérant, M. Villars, a prévu de faire de l’attente de la messe de minuit et du réveillon un moment de joie et de bonne humeur. Il a programmé le film “Le Caïd”, avec un Fernandel déchaîné et bagarreur.

Maurice Duvoisin, à “l’Hôtel de France”, “Chez Maurice”, s’affaire devant les fourneaux en attendant les convives attirés par la réputation de son accueil et de sa cuisine, mais également par des prix raisonnables pour des menus de réveillon proposés à partir de 18 nouveaux francs...

En cette nuit de noël, les paroisses de Rochechouart et de Biennac ont bien fait les choses en invitant “Lous Velhadours de Sen-Junio” et leur président, M. Robert Dagnas, afin de faire revivre, le temps d’une soirée, les vieilles traditions limousines.
Ces derniers sont accueillis à Rochechouart à 23 heures 10, à la lueur des lanternes, pour une veillée de noël avec chants, une procession à la crèche, puis un départ pour l’église de Biennac où est célébrée la messe de minuit.
Pour l’occasion, un car assure le service de Rochechouart à Biennac et le retour à l’issue de la cérémonie.
La messe de minuit, “messe des bergers”, est dite par le père Fouquet des Oblats de Solignac, avec un sermon en langue limousine de M. l’abbé Andraud. Des chants de noël limousins retentissent dans l’église remplie de fidèles.
Au milieu de la cérémonie, un groupe de “Velhadours”, chabrettes et vielles en tête, fait son entrée dans l’édifice et s’arrête devant la belle crèche qu’ont édifiée les frères Contamine de Rochechouart.
Des produits du sol (maïs, blé, pommes de terre, fougères) sont déposés devant celle-ci, et une prière est lue par un berger.
À la sortie de la messe, sur le parvis de l’église de Biennac, des danses aux lanternes sont exécutées par le groupe ’Lous Velhadours” avant que la foule ne se disperse et disparaisse dans la froidure de la nuit....