Dans son excellent ouvrage Ce pays doù je viens... Oradour-sur-Vayres en Limousin paru aux éditions de La Veytizou en 1999, le Docteur Morange, ancien maire
dOradour-sur-Vayres de 1971 à 1989 fait le récit de ces tragiques évènements :
Le 18 juillet 1944 au petit matin, un mois et huit jours après le massacre dOradour-sur-Glane, un train allemand arrive en gare dOradour-sur-Vayres, en provenance
de Bussière-Galant.
Il est composé de quatre wagons aux parois renforcées et dune locomotive. Cette dernière pousse deux wagons devant elle et en tire deux autres à larrière....
Une quinzaine dhommes de larmée allemande armés de fusils-mitrailleurs et de mitrailleuses lourdes et huit cheminots français accompagnent le convoi....
Le train blindé se dirige vers la gare de Saillat-Chassenon à côté de Rochechouart.
Mais un homme de lA.S., Jean Delage, est informé dès le 17 quun train allemand va rouler vers Oradour et Rochechouart le lendemain matin. Le maquis A.S.
décide alors de déboulonner les rails à lorée de la forêt de Rochechouart, que traverse la voie, afin de stopper le train.
On se procure le matériel nécessaire à cette intervention à la gare dOradour, grâce à un chef de gare complaisant.
Deux rails sont déboulonnés près du village des Bordes, commune de Rochechouart, dans un talweg bien situé. Cest Michel Lathière et ses hommes
qui sen chargent. Et on attend... Le train arrive à une vitesse très lente et, comme prévu, les deux rails déboulonnés sécartent et le wagon de tête
déraille et senchâsse sur le ballast.
Une fusillade éclate, mais manquant de munitions, lA.S. décroche tout en suivant le train dans ses évolutions.... Les cheminots accompagnant le convoi sont contraints
de détacher le wagon déraillé et le train reflue vers La Nouzille et Oradour-sur-Vayres, suivi par les maquis de lA.S..
À Puymoreau, dans la commune dOradour, les maquis qui ont reçu du renfort de leurs camarades, sont attaqués par les allemands entre le carrefour de Puymoreau
et le village de La Tronchaise, en bordure de la voie de chemin de fer qui longe une petite route où les hommes de lA.S. ont été aperçus. Cest là que
Pierre-André Lachaise est tué, première victime de la bataille qui va se poursuivre à Oradour-sur-Vayres où le train finit par arriver en tout début
daprès-midi du 18 juillet....
Bloqués dans la gare, les allemands, bons stratèges, placent une mitrailleuse lourde au Pont, route de Châlus, qui prend sous son feu toute la partie Nord-Est du
bourg et la route en direction du champ de foire et Pouloueix. Une autre mitrailleuse est placée devant le mur qui longe lavenue de la gare, près de lancienne
gare du tram. Elle prend sous son feu toute la partie sud du terrain situé en retrait du parc, face au terrain découvert des Chapelles. Des tireurs allemands
à la mitrailleuse et au bazooka sont postés dans lavenue de la gare prenant sous leur feu tout ce qui bouge au sud du bourg en direction de Cussac. Des maquisards de
lA.S. sont également présents avec notamment Michel Lathière, qui sert une mitrailleuse vers la ligne du tramway.
Les habitants dOradour ont fui dans la campagne environnante dès qua été annoncée larrivée du convoi allemand.
Le souvenir dOradour-sur-Glane est trop présent dans les mémoires, et le vide sest fait très vite dans le bourg....
Le maquis de Pressac, avec à sa tête le commandant Bernard, est arrivé sur les lieux, en renfort de celui de Cussac....
Cest à proximité de lavenue de la gare que vont avoir lieu dans laprès-midi les violents combats du 18....
Près de la gare du tramway, il existe un découvert important quil convient déviter pour ne pas se trouver sous le feu de la mitrailleuse allemande.
Bien malencontreusement, lun des maquisards posté ici, le sergent Meriot émile, ayant reçu lordre dattaquer à cet endroit de la part de ses chefs, est aussitôt
mitraillé à bout portant par le tireur allemand. Meriot tombe, seconde victime de la bataille.
Une troisième victime ayant malheureusement suivi le même chemin, Quillard André, âgé de 17 ans, est fauchée dans un arbre où il sétait
abrité en observateur..... Cest la troisième victime des combats....
Dans la nuit du 18 au 19, les allemands lancent plusieurs fusées éclairantes sur le secteur pour sassurer de leur sécurité et voir si rien ne bouge alentour....
Dans la matinée du 19, deux tirs de bazooka sont envoyés par Buzonie depuis Les Chapelles.... Les maquis croient avoir délogé les allemands et, sans plus de
précautions, savancent en terrain découvert... Mal leur en prend, les tirs allemands les stoppent depuis la gare du tramway et plusieurs maquis tombent avant quun
ordre de repli ne soit lancé....
En fin daprès-midi du 19, les allemands qui ont reçu des renforts de Limoges dès le 18 au soir, mais se sentant encerclés, préfèrent se replier en camions
et voitures vers la capitale Limousine, emportant leurs morts et leurs blessés, lesquels nont malheureusement pas pu être dénombrés....
Par contre, à la mairie dOradour-sur-Vayres, au cours de la journée suivante, cest à dire le 20, ce sont neuf cerceuils qui seront déposés,
contenant les dépouilles de neuf maquisards tués dans les combats, et dont il na été possible de retrouver les noms que de cinq dentre eux :
LACHAISE Pierre-André, 23 ans, originaire du Breuil-de-Gorre de Rochechouart, membre de lA.S., tué à Puymoreau au cours du premier accrochage.
BOUBY Henri, originaire de Saint-Junien (maquis de Pressac).
MERIOT Émile (maquis de Pressac).
CARREAU Jean-André (maquis de Pressac).
QUILLARD André, un jeune Saint-Juniaud de 17 ans (maquis de Pressac).
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