Le cinéma Le Capitole sest installé à Rochechouart en 1938.
Durant les années de guerre, cest M. Kerein qui sera chargé de lexploitation de la salle. Mme Jaylet en 1945-1947 puis M. Deniaud de 1948 à 1950 lui succèderont.
En 1951, la gérance du cinéma est confiée à M. Villars Raymond et son épouse qui assureront cette responsabilité jusquen 1962. Ce sera lâge dor du cinéma à Rochechouart.
Madame Petit-Villars Nicole, fille de Raymond, évoque pour nous avec nostalgie ses souvenirs de cette belle époque :
Le cinéma Le Capitole se situait au premier étage de la salle des fêtes. Il possédait 30 places au balcon et 250 au parterre.
Il existait trois tarifs : Le balcon, le parterre et les fauteuils devant lécran.
Les réservations étaient assurées par ma mère, le samedi, de 16 heures à 18 heures. Ainsi il était possible davoir sa place et son ticket, sans le problème dattente avant la séance.
Durant la semaine, mes parents effectuaient tout autour de Rochechouart, un affichage, avec la programmation du mois. Les affiches sortaient des presses de limprimerie Dupanier.
La clientèle était de la ville mais également de la campagne environnante, doù les nombreux vélos sur les trottoirs tout autour du bâtiment et les voitures stationnées sur la place de la poste. Durant la projection, à la demande de mes parents, la gendarmerie effectuait des rondes de surveillance.
Deux pompiers étaient également présents à chaque séance, à cause du risque dincendie. Il fallait être vigilants...et faire éteindre les cigarettes dans la salle.
Lentracte durait de 15 à 20 minutes selon le nombre de spectateurs. Beaucoup dhommes et de jeunes allaient alors se désaltérer au café Chez Georges dont le patron trouvait toujours que ces pauses étaient trop courtes !!!
Mon père a dû passer un examen et obtenir son CAP de projectionniste : cétait obligatoire.
Le film arrivait le vendredi soir à la gare, dans un grand sac ignifugé très lourd. Il contenait généralement 8 bobines :
Plusieurs pour le film lui-même, une bobine de documentaires, une bobine dactualités, une bobine de présentation du film pour le week-end suivant. Elles étaient entreposées dans des boîtes métalliques à cause du feu.
Le samedi, mon père allait tourner son film, cest à dire le remettre à lendroit pour quil soit projeté dans le bon sens. Dans sa cabine, en visionnant la pellicule, il en vérifiait le bon état. Il faisait, à la fin de chaque bobine, une marque rouge, ceci afin deffectuer lors de la projection le changement dappareil sans zone blanche. Il était nécessaire deffectuer la même opération de tournage avant chaque séance.
La cabine elle-même se composait de deux parties :
La plus grande était occupée par les deux gros appareils de projection de la marque Zeiss Ikon qui fonctionnaient avec le système de larc électrique.
La plus petite était lendroit où lon tournait le film, où on le réparait et où étaient stockées les bobines.
À cette époque, il était nécessaire de projeter un film avec deux appareils de type vertical qui fonctionnaient en alternance à chaque bobine.
La lumière, très puissante, était produite dans une lanterne renfermant deux électrodes en charbon de 20 cms chacune et qui se consumaient au fur et à mesure de la projection. Le projectionniste surveillait grâce à un petit trou percé dans la lanterne, lintensité de larc électrique produit, et il était souvent nécessaire de rapprocher les deux électrodes afin de ne pas avoir de baisse dintensité lumineuse.
À chaque changement dappareil (sept ou huit fois selon la longueur du film), il fallait changer les électrodes. Il fallait beaucoup de doigté pour lancer le deuxième appareil avant larrêt du premier. Les films étaient en 35 mm avec une projection de 24 images par seconde.
Jaimais beaucoup aller voir travailler mon père dans sa cabine lorsque javais 12 ans. Je restais dans mon petit coin et il mexpliquait avec plaisir tout ce que je viens dessayer de vous faire partager...
Les films étaient loués à une société de Bordeaux qui les distribuait dans tout le sud-ouest. Les producteurs étaient : Gaumont, Cinédis, Paramount, la Warner Brothers...
Avec le film étaient envoyées également, les grandes affiches et les petites photos pour la publicité.
Mes parents avaient acheté lindex du cinéma afin de les aider pour leur programmation. Cet ouvrage qui paraissait tous les ans, était indispensable car il comprenait bien sûr le résumé des films, lauteur, la distribution mais également la mention tout public ou interdit aux moins de 16 ans.
La sélection ainsi faite était transmise à la société bordelaise qui se chargeait de trouver une copie du film choisi.
La télévision nexistant pas dans les foyers, le cinéma avait beaucoup dadeptes. Mes parents choisissaient les films que le public aimait comme la série des Don Camillo, les films avec Bourvil ou Fernandel, les films policiers avec Jean Gabin, les films dopérette avec Luis Mariano (La Belle de Cadix, Violettes Impériales), les Tarzan, la série des Sissi, les mélodrames italiens doù les spectateurs sortaient en pleurant....
Cétait bien lâge dor du cinéma !
Plus tard les spectateurs ont été moins nombreux avec la guerre dAlgérie et surtout larrivée de la télévision dans les foyers.
Le lundi matin, mon père reprenait la route de la gare pour réexpédier son film à Bordeaux où il était vérifié avant de repartir vers un autre exploitant.
Il y avait beaucoup de travail et dorganisation de la part de mes parents, mais la satisfaction des spectateurs, heureux davoir passé un bon moment au Capitole était leur récompense...."
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