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Les “Nouvelles Galeries”




Ce cliché très rare datant des années 1920, montre l’emplacement des premières “Nouvelles Galeries” dans la rue Victor Hugo, face à la salle des fêtes et tout près de la pharmacie “Labour”.
C’est Louis Villars, homme exceptionnel et en avance sur son temps, qui eut l’idée de fonder ce magasin de facture très moderne, avec entrée libre pour les clients ce qui était révolutionnaire pour l’époque.




Dans les années 1930, les “Nouvelles Galeries” sont transférées place de l’église. Le bâtiment occupe alors les emplacements de plusieurs commerces anciens, notamment ceux de la pâtisserie Lafont et du café du centre.
C’est de ce nouveau magasin que M. Villars Raymond prendra la succession en 1956. Il maintiendra son activité jusqu’au 31 Décembre 1984.





L’ancien emplacement des “Nouvelles Galeries” est occupé actuellement par une pharmacie. -2010-






Cette photographie montre l’atelier de couture qui était une annexe des “Nouvelles Galeries”.
Cet atelier se situait dans la rue Bertrand Bourdeau et employait de nombreuses couturières. À cet endroit étaient également confectionnées des pantoufles en feutre, à l’aide des machines à coudre “Saphir”.




Notre enfance se nourrissait de rêves...
Ceux-ci étaient alimentés par cet imposant catalogue Manufrance qui trônait sur une étagère dans tous les foyers. Nous enfourchions en pensée cette superbe bicyclette “Hirondelle” tellement convoitée que la frêle page la représentant portait les stigmates de nos trop fréquentes consultations.
Plus près de nous et notamment pendant toute cette période exceptionnelle qui précédait Noël, les “Galeries Villars” (où l’on trouvait tout...) exerçaient sur nous cette même fascination.
À la sortie de l’école, nous écrasions notre nez sur la vitrine de ce beau magasin, dévorant des yeux ce ballon de foot en cuir jaune cousu main ou bien ce circuit automobile métallique rutilant. Étaient aussi disponibles, toutes les décorations du sapin et les magnifiques santons en terre cuite pour aménager la crèche...

C’est également dans ce commerce que l’on venait refaire le plein de toutes ces billes de terre multicolores perdues au champ d’honneur des récréations ou bien moins glorieusement confisquées par l’instituteur pour s’être échappées avec grand fracas d’une poche ou d’un cartable au beau milieu d’un cours.




L’histoire des “Nouvelles Galeries”, c’est l’histoire d’une famille rochechouartaise sur deux générations.
Madame Petit-Villars Nicole, petite fille de Louis Villars fondateur des “Nouvelles Galeries” à Rochechouart et fille de Villars Raymond qui prendra la succession de Louis en 1956, nous retrace cet étonnant parcours :

“En 1921, mon grand-père et ma grand-mère s’installèrent rue Victor Hugo, dans un magasin voisin de la pharmacie “Labour”, face au “Capitole”.
C’était un petit bazar où l’on pouvait trouver beaucoup de choses pour la maison, la pêche et la chasse.
Vers 1935, mon grand-père acheta cinq petites boutiques installées à l’angle de la rue Jean Parvy et de la place de l’église. (pâtisserie, bar, café, restaurant). Il fit communiquer tout cet ensemble mitoyen pour créer un seul magasin. Les travaux durèrent environ trois ans.
Cette totale rénovation s’étendait sur 220 m2 par niveau (deux pour le commerce, un troisième pour l’habitation), avec une annexe pour le stockage et un atelier.
On se rend compte de l’importance pour l’époque de ces futures “Nouvelles Galeries”. C’était un peu une “révolution” pour Rochechouart et les environs, car c’était le premier magasin à “entrée libre”.
Les clients affluaient de la ville et de la campagne pour acheter des meubles, de la mercerie, de la parfumerie, des produits d’entretien, de la quincaillerie, du matériel électrique, des jouets et les célèbres fauteuils en chataîgnier du limousin.....
Mon grand-père avait toujours des idées nouvelles à propos du commerce. Ainsi, il créa sa propre marque de machines à coudre : “Perlios”.
Ces machines étaient à pédale, vendues avec leur meuble en marqueterie. Il les équipait gratuitement pour la reprise et la broderie, fidèle à la devise du magasin : du luxe, de la qualité, des prix bas...
Le service dépannage était également assuré par un atelier à l’arrière du magasin, où travaillaient ses deux fils (Raymond et Jacques) qu’il avait formés lui-même.
Mais la guerre est arrivée, avec son cortège de restrictions. Le commerce a continué, mais au ralenti.
Après la guerre, mon grand-père eut l’idée d’équiper ses machines d’un moteur électrique. Il n’en trouva pas en France. C’est en Allemagne qu’il acheta des moteurs “Singer” qu’il adapta sur ses machines “Perlios”. Cette réalisation, avec bien sûr les difficultés de l’après-guerre entraîna un beau succès pour les ventes. Il créa également des machines spéciales pour les professionnels (tailleurs, fabricants de chaussures) : Ce furent les machines “Saphir”, équipées elles-aussi, de moteurs “Singer”.
Mon grand-père allait chaque année à la foire commerciale de Hanovre en Allemagne, pour découvrir les nouveautés et rencontrer ses fournisseurs.
J’ai beaucoup d’admiration pour mon grand-père qui malheureusement est décédé lorsque je n’avais que six ans. C’était un précurseur et un grand travailleur, ne ménageant pas son temps pour ses clients. Ma grand-mère, elle, s’occupait de la vente au magasin, car son époux était souvent absent pour son travail.
Parmi les spécialités du magasin se développa également la vente et la réparation des fusils de chasse et des carabines. Les cartouches étaient également fabriquées à l’atelier par les deux fils de la maison. Cet atelier ne manquait pas de travail car il assurait le service après-vente des machines à coudre et des fusils de chasse.
Ma grand-mère vieillissait seule et les articles qui firent la renommée du magasin n’étaient plus là. L’atelier n’avait plus d’activités et s’arrêta. Les deux fils furent contraints de s’éloigner : Jacques, voyageur de commerce et Raymond, transporteur, correspondant de la S.N.C.F..
Ma grand-mère a tenu son magasin jusqu’en 1956.
C’est un commerce déclinant que mes parents rachetèrent à ma grand-mère. Il a fallu beaucoup de travail, trouver de nouveaux fournisseurs et renouveler le stock un peu vieillot.
Peu à peu, le magasin se releva, les clients se fidélisèrent...La vente des machines à coudre stoppa mais mon père a assuré la continuité des dépannages pour les machines “Perlios”. Lorsque les pièces de rechange manquèrent, tout s’arrêta. La vente des fusils de chasse et des cartouches se poursuivit encore pendant quelques années.
Le magasin prit le nom “Les Galeries” car la chaîne des “Nouvelles Galeries” s’était installée à Saint-Junien et à Limoges. Elle exigea que mes parents suppriment une partie du nom (non déposé) créé autrefois par mon grand-père.
L’âge de la retraite sonna pour mes parents. Tout le magasin et les dépendances furent mis en vente en 1985. Le stock fut liquidé peu à peu. C’était la fin d’une belle histoire.
Désormais, une très belle pharmacie s’est installée à cet endroit, rénovant avec goût cet ensemble, où un autre commerce se poursuit désormais....”









Ces publicités, distribuées par les “Nouvelles Galeries”, étaient très prisées des enfants. Au verso, figuraient des devinettes illustrées où il fallait découvrir des personnages, animaux ou objets habilement camouflés dans les méandres du dessin.





Bon de commande daté de 1935 et signé Louis Villars



Ces documents très rares montrent “Les Nouvelles Galeries”, dans les années 1930, façade place de l’église et façade rue Jean-Parvy.
Exposés devant les vitrines du magasin, landaus, chaises, tables, voitures d’enfants côtoient les réputées machines à coudre vendues par ce commerce.
Archives personnelles : famille Petit-Villars.