Burgou, mot patois qui signifie frelon, cet insecte massif et dangereux qui, on laffirme dans les campagnes, peut tuer un être humain avec quatre de ses piqûres, tel est le surnom sous lequel Jean Gourinchas, né à La Nadalie, commune de Marval le 10 Avril 1811, a forgé sa légende dans cette région du sud-ouest du département de la Haute-Vienne et du nord du nontronnais : Le pays de Burgou.
Si les deux procès de 1837 et 1839 nont pas retenu lassociation de malfaiteurs, cétait pourtant bien une véritable bande organisée qui faisait régner sa loi sur ce territoire avec ses indicateurs, ses receleurs, ses lieux de réunion et de recrutement, ses caches secrètes, ses refuges.
Parmi les principaux complices de Burgou (ils étaient près de deux-cents), figuraient son frère Mirou, Quinquette, Pelletingeas, Blanchard dit Chevalier, Le Goujat, Louinet, Valegeas, Chénédiéras, La Delaige dite La Binchou, Judet, Lalet dit Toutou, Dubois dit Bonnet Rouge, Mandon dit Léger, La Genette, Martin dit Jardinier, Martial Troteau dit Brézille de Theillet etc...
La bande fréquentait des cabarets louches, notamment lauberge des époux Combard à La Nadalie, celles de Jean Fontanaud à Saint-Saud, de Pierre Mandon à Cussac, de La Binchou à Piégut-Pluviers, dautres encore à Pensol, à La Chapelle-Montbrandeix et surtout à Theillet dans la maison de Troteau qui était un abri sûr, et doù lon pouvait facilement séchapper, ce même lieu où pourtant, plus tard, Burgou se fera arrêter...
En ces années 1830, combien de maisons ont été visitées la nuit, combien de marchands ont été délestés de leur argent au retour des foires !!!
La ruse, la crédulité des gens de cette époque, sont souvent les meilleures armes des voleurs. Des clefs torses dites branderous, des vrilles, des passe-partout, sont utilisés pour pénétrer la nuit dans les maisons dont les propriétaires sont dévalisés la plupart du temps pendant leur sommeil.
Si les victimes sont malencontreusement réveillées par les bruits, les voleurs imitent le déplacement dun chat pour les rassurer ou se transforment en revenants pour les terroriser.
Les gendarmes de la région sont impuissants et quelquefois même ridiculisés...
En Mai 1834, sur dénonciation, Burgou est arrêté dans son refuge de Theillet par le maire de Marval, Aubin Thomas Garrigou-Lagrange assisté du colosse Justin Soury.
Conduit le lendemain à la gendarmerie de Saint-Mathieu, puis à la maison darrêt de Rochechouart, Burgou sévadera deux fois de cette dernière prison mais sera très vite repris.
En 1837, Burgou, le chef de bande et Pelletingeas son lieutenant sont condamnés à vingt ans de travaux forcés. Les autres inculpés sont condamnés à des peines comprises entre cinq et douze ans de bagne. Cependant, désireux dobtenir des réductions de peine, ou bien pour se venger de ceux qui avaient contribué à les faire condamner, Burgou et dautres comparses vont parler.
Le 10 Avril 1839, à lissue dun second procès dit des 47 accusés de Rochechouart où Burgou fut appelé comme témoin, 21 complices furent encore condamnés et 26 acquittés. Les peines prononcées sétalaient de quinze mois demprisonnement à huit ans de travaux forcés.
En 1839, Burgou voit sa condamnation réduite à dix ans de réclusion. Il évite alors le bagne et sera finalement libéré le 28 juillet 1845 lors de la venue du Duc de Nemours à Limoges.
Burgou mènera ensuite une vie derrance en Charente, dans les Deux-Sèvres, puis dans la Vienne. Il deviendra indicateur de police, puis, longtemps après, reviendra en limousin, vivant de mendicité au lieu-dit Les petites-maisons, commune de Vicq sur Breuilh où il décèdera le 10 Décembre 1895 à 84 ans, dans la plus totale misère.
La réalité des faits a fait place à la légende, au fil du temps. Burgou deviendra le Robin des bois limousin, celui qui volait les riches pour donner aux pauvres, ce qui était loin dêtre le cas. En réalité les différents butins étaient partagés entre les membres de la bande qui sadonnaient plutôt aux plaisirs du jeu, de la table et de la boisson...
Mais, retenons la légende, elle est tellement plus belle....
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