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27 novembre 1900 : Horrible crime au château



C’est exactement à cet endroit, au bas des escaliers du château conduisant
à l’ancien tribunal, que s’est produit le drame.



Vers 15H30, un crime a été commis au château de Rochechouart, dans l’escalier conduisant au tribunal.
Les nommés Justin B., âgé de 26 ans, et son frère Julien B., âgé de 37 ans, cultivateurs, nés et demeurant tous deux au village de C., commune de C., étaient dans les plus mauvais termes avec leur voisin, le nommé Pierre L., cultivateur, âgé de 40 ans.
Les deux frères accusaient L., leur voisin, d’avoir, en 1897, incendié leur immeuble. Ils l’avaient déjà dénoncé trois fois à la justice. Mais, après une sérieuse enquête, on avait reconnu le mal fondé de ces accusations, n’ayant trouvé aucune preuve contre L., qui jouissait également d’une bonne réputation.
On aurait dû en rester là, mais les deux frères résolurent de poursuivre civilement le prétendu incendiaire, pour obtenir réparation du dommage causé. C’est dans ce but qu’ils se présentaient au palais de justice pour demander l’assistance judiciaire. L. s’était rendu devant le bureau pour défendre ses droits.
Après une discussion très orageuse des parties, l’assistance fut refusée. Les deux frères entrèrent dans une violente colère. Ils rejoignirent L. dans l’escalier et l’injurièrent. Arrivés au dernier tournant, Justin B., se précipita sur lui, le renversa et lui partagea la tête à l’aide d’une hache qu’il avait dissimulée sous sa blouse, et lui planta la lame d’une canne à épée dans le dos.
Aux personnes qui se présentèrent attirées par le bruit, l’assassin déclara avoir prémédité et accompli son épouvantable forfait sans la complicité de son frère, se glorifiant cyniquement de ce qu’il appelle un acte de justice.
Quelques minutes après, les deux frères étaient arrêtés et conduits à la prison. Le corps de la victime était horrible à voir : Le crâne partagé ........et les marches de l’escalier étaient inondées de sang. Après les constatations légales, on l’a transporté à l’hôpital, où M. le docteur Marquet a fait l’autopsie. Cette autopsie a démontré que L. a reçu plusieurs coups de hache sur la tête et au cou, et qu’il a été transpercé de deux coups de canne à épée. Son inhumation a eu lieu le lendemain à C..
Justin B., le meurtrier, est âgé de 26 ans. Il est célibataire. C’est un ancien élève de l’école de Chavaignac, ayant par conséquent une certaine instruction, et qui exerçait, avant son arrestation, la profession d’agriculteur et de courtier en bestiaux pour le marché de La Villette. Julien B. est lui, marié depuis deux mois environ. La culpabilité de L., dans l’incendie qui, en 1897, avait dévoré leur immeuble, était devenue pour les deux frères, pour Justin le plus jeune surtout, une idée fixe. À plusieurs reprises, il avait adressé au “Courrier du Centre”, des lettres dans lesquelles il se plaignait amèrement de ce qu’il appelait un déni de justice.
Le parquet de Limoges a eu, lui aussi, à s’occuper des plaintes de B., et trois enquêtes successives ont été faites, sans résultat. “Puisqu’on ve veut pas me faire justice, je me ferai justice moi-même” avait déclaré le meurtrier. Il a malheureusement réalisé sa promesse. Justin B., après son geste, a une attitude absolument calme. Il semble ne regretter aucunement son crime qu’il qualifie toujours d’acte de justice. Il a choisi pour avocat, M. Patry du barreau de Limoges. Julien B., au contraire, est très abattu et pleure constamment. Il sera assisté par Maître Soury-Lavergne.

Sources : “Le journal de Rochechouart”

Épilogue

23 décembre 1900 :
Julien B., frère de l’assassin de L., arrêté sous l’inculpation de complicité, a été relâché. Il devra cependant rester à la disposition de la justice.

27 janvier 1901 :
Justin B., l’auteur de l’horrible crime qui s’est déroulé sur les marches du palais de justice de Rochechouart, ne comparaîtra pas devant les prochaines assises de la Haute-Vienne. Les juges de la chambre des mises en accusation ont décidé qu’il y avait lieu de procéder à un complément d’instruction.
De plus, le meurtrier sera soumis à l’examen de M. le docteur Doursout, et mis en observation à l’asile des aliénés de Naugeat. Ce n’est qu’après le rapport du directeur de l’asile, qu’il sera statué sur son sort.

28 avril 1901 :
B., l’assassin de L., après une observation de plusieurs mois, a été interné à l’asile de Naugeat. La chambre des mises en accusation, au vu du rapport médical, a rendu un arrêt de non-lieu en faveur de B..



La victime, Pierre L., repose au cimetière de C..




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