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22 décembre 1911 : évasion spectaculaire à la maison d’arrêt de Rochechouart.



La maison d’arrêt de Rochechouart, au début du 20ème siècle.



22 décembre 1911 :
Le nommé François P., 25 ans, domestique de ferme, sans domicile fixe, originaire de Saulgond (Charente), vient de s’évader de la prison de Rochechouart dans des conditions qui dénotent une rare audace.
P. avait été condamné à la dernière session des assises à 4 ans de prison pour vol qualifié. Poursuivi pour divers vols commis à Oradour-sur-Glane et Cognac, il se trouvait à la maison d’arrêt de Rochechouart en attendant sa comparution devant le tribunal correctionnel de cette ville, comparution fixée au 31 décembre 1911.
Vers 17H30, il se retrouvait seul dans la cuisine de la prison, où le gardien-chef, M. Houdée, qui est l’homme aux plus méticuleuses précautions, et qui exerçait sur son prisonnier une surveillance des plus actives, l’avait soigneusement fermé à clef.
Profitant de cette solitude, P. descella un barreau de la fenêtre, à l’aide du tisonnier rougi au fourneau, et sortit dans la cour de la prison. De là, il gagna le toit peu élevé de la cuisine, et au risque de se casser le cou, grimpa le long d’un tuyau en tôle de 3 ou 4 mètres, et fit verser ce tuyau sur la toiture de l’écurie de la gendarmerie.
À ce moment, un gendarme l’aperçut, et s’empressa de donner l’alarme. Mais, tandis que les gendarmes cherchaient à cerner le prisonnier, celui-ci avait du sauter dans le jardin de M. Boissout et gagner le large...
Des recherches actives sont entreprises, compte-tenu que l’uniforme de détenu dont P. est revêtu, le fera bien vite reprendre.
À l’instar de “Burgou”, dont l’habileté en cambriolage est restée légendaire dans le pays, P. savait pénétrer dans les immeubles par la toiture, et, en partant, il rétablissait les tuiles, effaçant ainsi toute trace d’effraction. Son évasion prouve que l’audace ne lui manque pas.
La nouvelle de cette évasion a causé en ville une réelle stupéfaction, M. Houdée, le gardien-chef, ayant la réputation, bien justifiée d’ailleurs, d’un fonctionnaire modèle, esclave de la consigne, observant les règlements avec une rigueur qui paraissait même, à beaucoup, exagérée. Beaucoup se sont émus, pensant qu’il allait être rendu responsable de cette fuite. L’enquête commencée, ayant relevé le fait qu’un barreau avait été descellé, la responsabilité du gardien ne peut être engagée. P. ayant été enfermé, il n’y a donc eu aucune négligence de la part de M. Houdée.

Sources : “Le journal de Rochechouart”



Épilogue

P., évadé de la prison de Rochechouart le 22 décembre, a été arrêté à La-Rochefoucauld (Charente).
P. se baladait tranquillement à bicyclette, lorsqu’il fut reconnu par M. Bousquet, juge d’instruction à Rochechouart, qui le “cueillit au passage” sur sa bicyclette, et le remit aux mains des gendarmes. P. a été reconduit à la prison de Rochechouart le 4 janvier 1912, et des mesures sévères ont été prises pour qu’il ne puisse reprendre la clef des champs.



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