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9 et 10 Juin 1944 : les allemands de la “Das Reich” à Rochechouart

Dans l’enfer d’Oradour



Le 9 Juin 1944 des éléments de la division blindée “Das Reich” qui remontait de la région de Montauban où elle était cantonnée, vers la Normandie, lieu du récent débarquement allié, arrivent à Rochechouart.
Ces allemands appartiennent à la compagnie S.S. “Der Führer”.
Une partie de cette compagnie cantonnera à Rochechouart, une autre partie à Saint-Junien. Ce sont ces derniers éléments qui vont perpétrer le lendemain 10 Juin 1944, l’abominable massacre d’Oradour sur Glane.
Voir :  Dans l’enfer d’Oradour
Mais laissons M. Raymond Proust, à l’époque maire de Rochechouart, faire le récit de ces deux terribles journées dans notre ville :
“Le 9 Juin à 8H30, j’apprends par le sous-préfet de Rochechouart que le chef d’un détachement d’allemands, arrivé à Saint-Junien, vient de téléphoner dans ses bureaux pour demander si une unité qui doit cantonner à Rochechouart est arrivée.
Les réfractaires au S.T.O. ainsi que les jeunes hommes de la commune sont aussitôt alertés par mes soins, afin qu’ils puissent à temps quitter la ville.
Vers 9H30 deux S.S., baîonnette au canon, viennent me chercher à la mairie et m’ordonnent brutalement de les suivre. J’ai l’impression d’être arrêté. Je suis conduit au P.C. du commandant de l’unité et je lui suis présenté. C’est un jeune officier de 25 ans, grand, mince, aux yeux bleus, que je reconnaîtrais si j’étais mis en sa présence. Il exige un plan de cantonnement immédiat. Il m’a longuement questionné par la suite, sur l’existence de “terroristes” dans la région. J’ai nié énergiquement leur présence.
Les S.S. ont alors fait main-basse sur les plus belles automobiles de la ville, enfonçant les portes des garages et frappant avec la dernière brutalité les propriétaires qui n’obéissaient pas assez vite à leurs injonctions.
Au cours de la nuit suivante ils ont fait de multiples et odieuses visites domiciliaires.
Le matin du 10 Juin, vers 6 heures, un ouvrier, M. Paynaud, occupé à faucher près de son domicile, est gravement blessé d’un coup de fusil. Son beau-père, M. Fredon, est arrêté ainsi qu’un jeune homme de sa famille. Ils sont tous les deux bâtonnés dans le but de leur faire avouer l’existence de “terroristes” à Rochechouart.
Au cours de l’après-midi, les S.S. ont posté des sentinelles sur la terrasse de la promenade des “allées”, laquelle domine la campagne d’une hauteur impressionnante. De là, ils ont ouvert le feu sur les gens du pays (hommes ou femmes) qui passaient paisiblement sur les routes ou qui travaillaient dans les champs.
C’est ainsi que Mme Brousse de “La Chabaudie”, âgée de 67 ans, qui revenait de faire ses emplettes à la ville, a été tuée.
Je me rendis alors au P.C. du capitaine S.S., et protestai énergiquement contre cette fusillade. L’officier me répondit sèchement : “on ne tire plus”. Mais au même moment, d’autres coups de feu éclataient.
Ont été blessées successivement, Mme Duchambon jeune, qui passait à bicyclette sur la route, et une réfugiée espagnole, ma bonne, qui se rendait à Babaudus”.
Les troupes allemandes quittèrent définitivement la ville la nuit suivante.




Drame, route de Babaudus.


C’est à l’entrée de ce petit chemin de terre qui rejoint, à travers les taillis, le petit village de “La Chabaudie”, que Mme Brousse, 67 ans, tomba sous les balles des allemands postés sur la terrasse des “allées” près du château.