Retour page d’accueil

Séquence émotion



On ne peut regarder cette photo sans un pincement au coeur.
Devant l’entrée du château qui servait d’hôpital militaire durant la grande guerre, un groupe de soldats est rassemblé.
Malgré la présence du photographe, tous les visages sont graves. Tous savent que dans quelques jours ou quelques semaines, il va falloir repartir vers le front, vers l’enfer.



Le château, hôpital militaire durant la grande guerre


Durant la grande guerre, l’aile Nord-Est du château est réquisitionnée pour servir d’hôpital militaire.
Blessés convalescents, jeunes recrues qui suivent l’instruction, encadrement, déambulent dans la cour du château ou dans son environnement immédiat. Tous sont en attente d’un mot d’ordre pour leur départ ou leur retour sur le front.



Lettre émouvante d’un sous-officier de garde au château le jour de noël 1914


Du poste de police du château, où il est de garde ce jour de noël 1914, un sous-officier écrit cette lettre très émouvante, empreinte d’un grand courage mais également de retenue et de simplicité face à des évènements aussi graves qui vont broyer sa jeunesse.

Rochechouart 25-12-1914


Bien cher monsieur,
aujourd’hui, jour de noël, je suis de garde au poste de police (dans le château historique de Rochechouart dont je vous enverrai une vue), et je profite de mon temps libre pour répondre à votre estimée du 15 courant que je reçois aujourd’hui.
J’ai un peu regretté de quitter le 165ème, car je devais sous peu y passer un examen qui m’aurait peut-être permis de passer sous-lieutenant, mais en somme celà n’a que peu d’importance.
Je vous disais dans ma lettre du 23, que le 9ème a été très éprouvé. Il l’aurait été plus que je ne pensais. Sur 1500 hommes dont se composait le bataillon, 1200 environ seraient tués ou prisonniers. L’ennemi aurait miné les tranchées et, sitôt l’explosion, jeté sur eux 3 bataillons.
Le commandant, un homme admirable, le fusil en main, aurait pu rallier ceux qui restaient, faire une trouée et les sauver.
Ne pensez pas que cet évènement puisse nous démoraliser, non, il ne fait qu’accroître la rage que nous avons dans le coeur pour ces vils prussiens.
Il ne m’est pas possible d’être fixé sur ce que je ferai. Je suis ici un des premiers sous-officiers à partir au feu.
Avant-hier, je suis désigné pour m’occuper de l’instruction des jeunes soldats de la classe 15. Y serai-je maintenu ? Je n’en sais rien.
Aujourd’hui, on demande la liste des noms de ceux qui ont travaillé dans des établissements de crédit ou dans les trésoreries de l’état. Je ne sais dans quel but. J’ai donné mon nom et vous ferai part du suivi.
Je remercie madame L... ainsi que votre beau-père de leur délicate attention (je me doutais que le passe-montagne avait été fait par madame L..., mais naturellement je n’avais osé vous en causer dans ma lettre).
Merci aussi pour vos bonnes prières, j’en ai beaucoup besoin, et enfin de vos encouragements, de vos bonnes paroles qui m’ont fait tant plaisir et où j’ai reconnu votre grand coeur à tous deux.
Votre dévoué reconnaissant ....