Retour page précédente

Octave Marquet.

Le médecin  -  L’érudit  -  L’homme politique : le temps de la reconnaissance
L’homme politique : le temps de l’ingratitude  -  L’ingratitude bien après son décès





Né à Rochechouart en 1851, Octave Marquet appartient sans aucun doute à cette famille (restreinte) de personnages d’exception, capables de mener de front avec bonheur, des activités aussi diverses que celles induites par sa profession de médecin, la politique, le dévouement sans limites à sa cité et ses associations, les recherches passionnées sur l’histoire de sa ville avec la production d’ouvrages qui sont encore des références à l’heure actuelle.
Octave Marquet n’était pas un de ces barons de province infatués par le pouvoir octroyé par le peuple à une certaine période de leur vie. C’était un homme bon, soucieux avant tout du bien-être de ses concitoyens.




  Retour haut de page

Le médecin







Ordonnance du Docteur Marquet

Lycéen à Limoges, Octave Marquet débute dans cette dernière ville des études de médecine qu’il termine brillamment à Paris.
En 1876, pourvu de son diplôme de Docteur, il rejoint sa ville natale où il exercera pendant plus d’un demi-siècle avec dévouement et désintéressement sa profession de médecin de campagne.

Cette dure vie de médecin sera bien décrite par le Docteur Grézillier lors de l’hommage rendu aux obsèques du Docteur Marquet :

“Pendant 52 ans le Docteur Marquet a exercé la médecine à Rochechouart et c’est assez dire combien de vies il a disputées à la mort, combien de douleurs il a soulagées.... combien de nuits il a passé sans sommeil dans de pauvres logis ouverts à tous les vents. Pour lui, la question d’argent n’existait pas. Peu nombreux parmi ses clients étaient ceux qui pouvaient honorer les visites. Le praticien de campagne soignait les pauvres gens comme sa propre famille, leur faisant la charité de ses soins, de son temps, et souvent même de son argent...”.




  Retour haut de page

L’érudit







L’un des ouvrages historiques du Docteur Marquet

Ici encore, laissons la place au Docteur Grézillier, lui-même féru d’histoire locale, décrire l’homme passionné par le passé de sa ville qu’était le Docteur Marquet :
“Le Docteur Marquet a aimé sa petite patrie d’un amour profond.
Il en connaissait à fond l’histoire et la légende. Il n’est pas un recoin de notre vieux château et de notre église, pas une vieille maison, pas une vieille pierre de nos rues et de nos villages qu’il n’ait étudiés, interrogés et minutieusement décrits dans quelqu’une de ses nombreuses communications à la Société Archéologique de Limoges ou à la société locale qu’il avait créée (“Les amis des sciences et des arts”).
C’était une joie pour lui et un régal pour ceux qui l’écoutaient, de l’entretenir du passé de notre ville et de ses familles dont les généalogies n’avaient pas de secret pour lui.
Les monographies de Rochechouart et de Biennat resteront un modèle du genre et un monument émouvant de piété filiale.
Sa ville natale a d’ailleurs occupé toute sa vie, de médecin, d’historien, enfin d’homme politique”.
Parmi les nombreux ouvrages publiés par le Docteur Marquet, on note :
“La vie communale à Rochechouart”
“Les pénitents bleus de Saint-Junien”
“Documents historiques sur Rochechouart et Biennat”




  Retour haut de page

L’homme politique : le temps de la reconnaissance







La politique attirait le Docteur Marquet. Facilitée par sa profession médicale, il y fit une carrière brillante et rapide.
Élu conseiller municipal en 1878, il est élu maire en 1882.
Il restera à ce dernier poste de premier magistrat de la ville, jusqu’en avril 1920, date de sa démission pour prendre sa retraite (raison officielle invoquée).
Élu conseiller d’arrondissement en 1892, il est élu conseiller général de 1895 à 1913.
En février 1899, il est nommé officier de l’instruction publique et en janvier 1901 chevalier de la Légion d’Honneur.
En mai 1910, il est enfin élu député.
À cette occasion, dans la matinée du 15 mai 1910, la société de secours mutuels “La Fraternelle” dont il était le Président, la subdivision des sapeurs-pompiers avec à sa tête M. P. Michel, et la “Société Harmonique”, se sont rendues musique en tête devant la demeure du Docteur Marquet pour le féliciter de son élection à la chambre des députés.
Après l’exécution de “La Marseillaise”, M. Marquet, très ému, a remercié tous ses amis.
Les 22 et 23 septembre 1912 est organisée ce qui sera considéré comme la plus grande fête à Rochechouart : “La Félibrée”, sous la présidence de M. Léon Bérard sous-secrétaire d’état aux Beaux-Arts.
Cette fête, dont le Docteur Marquet est l’instigateur, est l’occasion pour le député-maire de recevoir des personnalités politiques locales et nationales de premier plan.
C’est également l’occasion pour lui de faire connaître sa bonne ville de Rochechouart et ses richesses historiques.
C’est l’apogée de sa carrière politique.




Félibrée 1912 : Le député-maire Octave Marquet reçoit devant la gare les personnalités politiques

Voir sur ce site : “Cette belle journée de 1912”




  Retour haut de page

L’homme politique : le temps de l’ingratitude





Voici venu le premier conflit mondial. Ses collègues médecins étant pour la plupart mobilisés, le Docteur Marquet voit s’accroître sa charge.
Avec des moyens de locomotion de fortune, il doit recommencer ses tournées interminables de jour et de nuit lors des hivers terribles de 1916 et 1917.
De retour dans sa mairie, il retrouve les sinistres courriers venus du front annonçant la mort glorieuse de quelque enfant de Rochechouart qu’il a vu naître.
La mort dans l’âme, le bon docteur repart pour aller porter aux familles inquiètes, la confirmation de l’irréparable deuil qu’elles redoutaient.
Après la guerre, il est réélu maire en décembre 1919, mais il démissionne de ces fonctions en avril 1920 sous prétexte d’une retraite qu’il désire prendre.
Au mois d’octobre 1925 il a la douleur de perdre son frère, Gabriel Marquet, longtemps directeur de la “Société Harmonique”.
Suivent les revers politiques : cette population de Rochechouart pour laquelle il avait voué sa vie, lui retire un à un tous les mandats qui lui avaient été confiés, jusqu’au mandat de conseiller municipal qui lui fut ravi lors des dernières élections avant son décès...
Pourtant, dans cette période de déboires, la bonté du Docteur Marquet ne se dément pas. Il reste dévoué à ses compatriotes inconstants et infidèles, et ce n’est que vaincu par la mort qu’il cessera de prodiguer ses soins.


L’affaire de la rue des écoles.




Le 9 novembre 1924, le conseil municipal présidé par le maire Eugène Desbordes, voulant rendre hommage aux services rendus par le Docteur Marquet, ancien maire, décide de renommer la “rue des écoles” (actuellement rue “Pasteur”) en “Avenue du Docteur Marquet”.
Dans la nuit du 16 au 17 mai 1925, qui précède le jour de la nomination du nouveau maire Jean Parvy, des partisans de ce dernier arrachent les plaques de cette rue posées quelques semaines auparavant et les font disparaître....
Les coupables et les plaques ne seront jamais retrouvés.
Le 24 mai 1925, le conseil municipal présidé par Jean Parvy, faisant fi de la décision prise par l’ancienne municipalité, décide de renommer cette voie “rue Pasteur”.
Il faudra attendre le 16 juin 1934, soit plus de 5 ans après le décès du Docteur Marquet pour qu’enfin respect lui soit témoigné :
Par arrêté municipal approuvé par le Préfet, le nom de “Octave Marquet” est donné à l’ancienne place “Marchedieu” à Rochechouart.




  Retour haut de page

L’ingratitude bien après son décès





Le 19 janvier 1929, le Docteur Marquet décède, emporté par une cruelle maladie.
Le 22 janvier, ses obsèques ont lieu en l’église paroissiale de Rochechouart au mileu d’une foule considérable dont une faible partie avait suffi à remplir l’église.
Les cordons du poële étaient tenus par Mrs les Docteurs Donnet, Thouvenet et Duverger de Limoges et Grézillier de Rochechouart.
Le deuil était conduit par Mrs Yvan et Gérard Nicollet, gendres du défunt.
Au cimetière, des discours furent prononcés par Mrs Jarraud, vice-président de la “Fraternelle des Travailleurs”, Jaloux, vice-président de “L’Union Fédérale des syndicats et associations agricoles de la Haute-Vienne”, le Docteur Donnet, au nom de l’association des médecins de la Haute-Vienne, M. Robin, inspecteur primaire à Rochechouart, le Docteur Grézillier, médecin à Rochechouart, le Docteur Descubes, député de l’arrondissement et M. Valentini, sous-préfet de Rochechouart. La foule s’est ensuite écoulée lentement après avoir salué les membres de la famille qui remerciaient à la porte du cimetière.








Cette sépulture abandonnée, délabrée, sans aucune inscription ni marque d’un quelconque hommage, est celle du Docteur Marquet, maire de Rochechouart du 30 Avril 1882 au 25 avril 1920, au service des malades pendant plus de 50 ans. -Cliché 2015-




  Retour haut de page